Au-delà du fait que le niveau des salaires soit toujours largement éprouvé par la cherté de la vie, il reste que le bon gestionnaire, c'est celui qui gère le moins avec autant de rigueur qu'il pourrait gérer le plus. Dans la majorité des cas, la culture de gestion prévisionnelle des budgets fait défaut au sein des familles algériennes alors que son existence est d'autant plus cruciale que la marge entre l'équilibre et le déséquilibre financier est si mince, si infime, qu'il suffit d'un petit imprévu, d'un dérapage, d'un aléa qualconque pour placer le couple sur la défensive, parfois dans la pire situation qui soit. Pourtant, dans les familles à revenus stables, la budgétisation des dépenses est une action très accessible, qui peut àªtre établie sur une base mensuelle et par conséquent aussi annuelle, en y intégrant les dépenses variables, autrement dit les dépenses saisonnières ou encore celles qui se font selon une périodicité non mesuelle. Le problème n'est pas visiblement celui de la possibilité pratique ou non d'établir un budget et de le respecter, mais plutôt celui d'une culture qui continue de s'imposer, qui consiste à croire et à faire croire que la gestion rigoureuse et comptable de l'argent annihile la baraka, autrement dit destine ce qui est fait pour àªtre suffisant à ne plus l'être du fait même qu'on a décidé de l'appréhender sous l'angle de la maîtrise. Cette superstition liée à la gestion familiale de l'argent continue, dans de nombreuses familles, d'être à l'origine de situations de détresse financière, non du fait de l'insuffisance de fonds pour maintenir l'équilibre, mais surtout parce que les besoins effectivement satisfaits n'ont pas été, au fur et à mesure de leur formulation, confrontés avec les moyens disponibles, afin de rationaliser les choix à faire et de décider une hiérarchisation de ces dépenses selon une gradation réaliste qui prédétermine ce qui est urgent, ce qui est indispensable, ce qui est nécessaire, ce qui est utile, ce qui est superflu et ce qui est futile. La mauvaise gestion est à ce point manifeste et courante, qu'il arrive, devant une vitrine de vêtements, qu'on cède à l'envie d'acheter une robe, une veste, qu'on en oublie, que cet argent devait aller prioritairement au règlement des factures de téléphone et d'électricité. Budgétiser, c'est affecter ses ressources financières de manière à ce que ce dont on dispose permette de financer ce qu'on doit payer et permette de déterminer par la même ce qu'on peut épargner. Au-delà de la capacité de maîtrise qu'elle confère à la gestion de son argent, la budgétisation finit par installer des habitudes de consommation très positives, dans le sens où le consommateur organisé de la sorte se laisse difficilement contraindre par les spéculateurs et autres commerçants indélictas, préférant renoncer à un produit anormalement cher plutôt que de casser son budget. Un consommateur à budget est donc, quelque part, un bon chef de famille et un bon citoyen. Â
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Posté Le : 09/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. B.
Source : www.horizons.com