Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Le protectionnisme sauve l'ouverture



Toute la stratégie de développement actuelle de l’Algérie est tournée vers deux priorités, à savoir assurer la cohésion sociale et promouvoir un essor économique. Si la première répond à l’urgence, l’autre, en revanche, construit pour l’avenir économique qui doit se faire avec les autres, mais pas à n’importe quelle condition, surtout pas celles qui font le lit de l’anéantissement économique. Le défi est très engageant à la mesure du potentiel économique de l’Algérie, dont on a souvent dit, à très forte raison, que sa partie immergée est dix fois plus importante que la partie visible. Un potentiel que tous les efforts travaillent à défouir et à mettre en valeur pour que l’ouverture aux autres ne soit pas source de vulnérabilité, car notre économie n’a pas encore acquis les instruments et les éléments qui lui permettent de se protéger, sans se replier, d’une concurrence étrangère aussi féroce que déloyale, qui a depuis des décennies affûté ses procédés et ses armes. La présente période est, à ce titre, la plus propice, pour l’Algérie, à la réunion des conditions politiques, économiques et sociales à même de favoriser un développement dans tous les domaines. Du point de vue financier, d’ailleurs, l’aisance circonstanciée a donné lieu à une politique d’investissements publics vouée à la construction, en vue d’un démarrage économique multisectoriel, d’une croissance non soutenue et d’un développement durable. Alors que du point de vue des politiques et des stratégies de développement industriel et humain, la finalité est de créer les conditions de l’essor technologique et de la sécurité alimentaire.Enfin, du point de vue de la politique commerciale, on investit sur une approche planétaire du partenariat international, où le maître-mot est la diversification des interlocuteurs commerciaux et technologiques et la recherche forcenée, dans le cadre de ces échanges, du meilleur résultat en matière d’acquisition commerciale et de transfert de technologie et de savoir-faire. Quoi qu’il en soir, l’Algérie, sur l’ensemble de ces voies, déploie tous les moyens dont elle dispose, alliant les instruments de l’action stratégique de long terme et les aménagements et ajustements dus aux données économiques circonstancielles. A ce dernier titre, il peut sembler paradoxal que l’Algérie aille dans le sens d’une ouverture économique irréversible tout en s’offrant des escales protectionnistes qui rappellent une époque révolue. Cette posture est pourtant nécessaire et même recommandable pour une économie qui demeure très vulnérable aux assauts du commerce international. Il n’y a qu’à voir et apprécier la montée en flèche de nos besoins à l’importation qui sont passés, en quelques années, de 20 à 40 milliards de dollars. Pouvons-nous nous soutenir d’une telle débauche financière sans en subir des effets irréversibles ' Nul doute qu’en sauvant l’économie et l’équilibre financier national, le protectionnisme tel qu’il est conçu en Algérie, sauve aussi l’avenir de l’ouverture économique.


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