Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Le logement social, les banques et le marché de la location



La crise du logement en Algérie a pâti de gestions antérieures qui ont fait de tout un secteur l'otage des capacités de l'Etat à  répondre à  des demandes strictement sociales en logements. Une approche irréaliste d'un domaine où la contribution conjuguée de tous les acteurs, qu'ils soient institutionnels, privés ou même sociaux, ne suffit pas pour endiguer des crises qui ont, naturellement, partie liée avec des phénomènes de poussées démographiques urbaines et des crises économiques.Nous avons vu comment l'absence de l'initiative privée, de l'autoconstruction, et du crédit immobilier au niveau du système bancaire des décennies durant ont creusé l'écart entre une demande très importante et une offre qui se limitait au logement social de l'Etat. Nous avons vu comment la crise multidimensionnelle traversée par le pays, qui s'accompagnait d'une modification fondamentale de la structure familiale, a multiplié par deux une crise de logement qui était déjà problématique et la source de tous les mots.Aujourd'hui que les moyens de l'Etat sont en mesure de gérer une crise dont l'ampleur a été très considérablement réduite, que l'économie de marché et l'ouverture favorisent une mise à  contribution d'acteurs locaux et étrangers dans l'application d'une stratégie de résorption de la crise de l'habitat, et que des mécanismes institutionnels et bancaires se sont multipliés pour cibler les différentes catégories de demandeurs de logements, on se rend compte à  quel point le phénomène était profondément ancré en Algérie et à  quel point toute cette formidable mobilisation qui ne peut tout régler, toutefois, en démontre toute la complexité.C'est que la crise de logement est doublée d'une crise d'aménagement du territoire, cette dernière ayant longtemps favorisé un exode structurant vers les grandes villes, tout particulièrement vers la capitale, alors que la crise sécuritaire a accentué le phénomène dans les années 90.C'est dire que la politique du logement qui se mène aujourd'hui est étroitement liée à  des enjeux d'aménagement du territoire et de réorganisation de la distribution des populations dans le cadre des objectifs de développement local, avec ce que cela implique comme impératifs de dynamisation économique au niveau sectoriel, notamment en milieu rural où la sédentarisation est plus difficile en l'absence de fixateurs d'ordre économique ou social.Construire des logements est dès lors une très bonne chose, mais si une bonne partie trouve son compte dans les nombreuses formules d'accès au logement ou à  la propriété, d'autres aspirent à  mieux et préfèrent faire une escale stratégique dans le marché de la location.Ce qui est en soi une bonne chose, car cela favorise un certain équilibre entre l'offre et la demande, le locatif fonctionnant comme un espace de transition. Or, le locatif ne joue pas ce rôle, puisqu'il est lui-même ancré dans des pratiques spéculatives qui le font vivre en marge de la réglementation en vigueur, dans des conditions qui font des demandeurs de logements de location les otages d'un secteur qui a, plus que jamais, besoin d'un sérieux coup de balai.


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