Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : La société qui consomme sans produire se consume



En découvrant l'économie de marché, l'Algérien a découvert, en même temps, une réalité qui tranche avec l'ancienne période du socialisme, à  savoir que la diversité de l'offre de consommation qu'il appelait de ses vœux, avait un versant pour le moins frustrant : les limites de son pouvoir d'achat. Effectivement, et cela les populations des pays qui ont toujours été sous l'emprise du capital, l'ont toujours su. On ne peut avoir une offre de consommation représentant les produits importés du monde entier sans conséquence le pouvoir de consommation. A ce dernier titre d'ailleurs, une question mérite d'être posée. Naît-on à  la consommation en même temps qu'on naît à  l'économie de marché ' La question est complexe autant que la réponse est féconde et tout aussi diffuse. En fait, on naît à  la culture de l'économie de marché sous le signe de la contrainte, dans un contexte de transition économique qui est à  la fois propice à  la construction d'une économie du capital et donc de la production et de la productivité, et perméable à  toutes les épreuves sociales qui se peuvent imaginer face au choc de la restructuration. Dès lors, on imagine bien que ce n'est pas le pouvoir de consommation dans le sein de ce marché diversifié et bien achalandé qui est l'enjeu prioritaire de la transition, mais bien la capacité des catégories fragilisée par celle-ci, à  transiter d'une phase d'assistanat social et économique, vers une situation d'intégration et d'insertion sociale et économique viabilisante et vivable, où le minima de consommation à  garantir est au départ alimentaire. Il est évident que la situation financière de l'Algérie, dont l'aisance est due essentiellement aux ressources en hydrocarbures, a permis de relever des défis de la transition sociale à  travers un processus de développement qui n'a pas fait l'économie d'un équilibre vital entre les priorités économiques et les impératifs de prise en charge des attentes sociales.Cela dit, nous avons pu apprécier, en un laps de temps très court, les risques que peut induire l'économie de marché sous une économie de rente, lorsque les garde-fous ne sont pas installés dès l'abord. Nous avons, pour l'enseignement, assisté, via des mécanismes rodés de l'économie de marché, à  une dérive de consommation qui dopait le pouvoir d'achat des populations les plus démunies, pour tirer le meilleur parti d'une rente qui est, en fait, vouée au développement économique et social. Résultat, on cheminait, avant terme, vers un mode de consommation incompatible avec notre pouvoir de consommation et, surtout, avec l'état de notre économie et de notre productivité. Le freinage défensif opéré par les pouvoirs publics fut salutaire, mettant en instance une tendance forte qui ne devrait s'exprimer naturellement que sous une économie diversifiée, productrice, en partie, de ses propres produits et valeurs de consommation.


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