Algérie

Indice de Madjid Bekkouche : Copenhague, le fiasco programmé



A très bien observer les divergences qui minent aujourd'hui les débats sur le réchauffement climatique, et les limites très prononcées quant aux dispositions des uns et des autres, tout particulièrement des acteurs qui se sont directement impliqués dans la préparation de ce rendez-vous très attendu, on croirait presque à  une opération de sabotage programmée, dont la première cible est moins cette conférence en cours, que le protocole de Kyoto, base fondatrice et fondamentale dont la rencontre danoise est sur le point de prononcer le requiem.Copenhague est une parodie de conférence où la cacophonie est le seul son qui rythme les discussions, les négociations et les débats, sur un sujet, pourtant, le plus sérieux que l'humanité ait pu aborder, dans un cadre aussi élargi ; mais un sujet qui semble céder devant les enjeux économiques des uns et des autres, au vu du niveau d'engagement qu'il semble requérir et des contraintes qu'il induirait en cas de résultat concret.A ce dernier titre, il apparaît que le seul résultat valable qu'il faille en espérer, c'est justement le certificat de décès des acquis de Kyoto, et donc une régression en matière d'engagements et de crédibilité de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais alors, pourquoi une conférence aussi grandiose et une mobilisation planétaire d'où est absenté le minimum consensuel qui viabilise la démarche 'Le rendez-vous, préparé de longue date, n'a pas survécu aux effets de la débâcle financière et la crise économique qui lui est consécutive, car entretemps, volonté politique ou non, un cratère de plus de 1 400 milliards de dollars s'est creusé dans la finance internationale, et des pans entiers de l'économie occidentale ont été ébranlés, laissant sur le carreau l'économique et le social, et n'était la vitalité due aux trente précédentes années de capitalisation, l'Occident et le système de Bretton Woods n'auraient pas pu se relever.On est allé à  Copenhague parce que le rendez-vous ne pouvait décemment àªtre reporté ou annulé au risque de fâcher les populations occidentales, devenues très engagées vis-à-vis du risque climatique, sachant pertinemment, côté américain, canadien et chinois, qu'on ne pouvait s'engager que sur des mesures symboliques que le déplacement de la référence de 1990 à  2005 a grossies, mais sans faire illusion devant un monde, plus que jamais attentif, à  ce recul incroyable.Et l'Afrique, au milieu de cette démission des responsabilités, voit sa détresse reléguée au second plan, peinant à  faire entendre sa voix, une voix unique, partie à  Copenhague pour plaider sa cause et défendre le climat, elle qui est la première victime du réchauffement, l'ancienne laissée-pour-compte du développement, et qui doit gérer, désormais, les deux fronts de la survie climatique et de la survie économique. L'Afrique qui sait que pour àªtre conciliables, les deux fronts doivent se gérer dans une harmonie que seuls permettent le soutien financier des riches et leurs technologies.A voir les choix de priorisation des enjeux économiques à  ceux liés à  la lutte contre le réchauffement, il faut bien croire que l'image de l'iceberg qui dérive au large des côtes en s'effritant demeure d'une symbolique légère qui n'a pas su détrôner celle du tsunami économique, sauf que lorsque cette image de la menace climatique deviendra suffisamment effroyable pour valoir force de persuasion, il sera peut-être trop tard.


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