Le constat fait concernant l’évaluation des effets de l’accord d’association de l’Algérie avec l’UE, et qui atteste d’un déséquilibre évident dans le cadre des échanges commerciaux avec cet ensemble économique, n’est pas pour surprendre, et cela pour plusieurs raisons. Il est clair qu’on ne pouvait s’attendre à mieux que ce que les chiffres de cinq années d’expérience européenne permettent d’afficher, soit un rapport de un dollar contre vingt dollars. Une manière de dire que nous faisons gagner 20 milliards de dollars à l’UE quand celle-ci nous concède 1 milliard. Une relation de déséquilibre qui suppose que l’Algérie est vingt fois plus riche que l’UE, qu’elle a vingt fois plus besoin des produits de l’UE que l’UE des produits algériens, ou encore que l’Algérie s’appauvrit autant de fois que l’UE s’enrichit dans le cadre de cette relation commerciale.La jeune économie algérienne qui peine encore à asseoir les bases d’une économie de marché dans un contexte d’après-crise multidimensionnelle qui a mis à genoux l’ensemble du tissu industriel et avec lui la structure économique entière, pouvait-elle se soutenir d’un face-à-face commercial, hors hydrocarbures, avec un ensemble économique qui n’est rien d’autre que la plus grande entité exportatrice dans le monde, sans subir une offensive insoutenable qui reflète le désavantage initial ' L’Algérie manque non seulement de l’économie forte qui fasse le poids, sur le marché algérien, devant l’invasion des produits européens, mais elle ne dispose pas encore, de surcroît, d’une base industrielle ou agricole qui structure pour une offensive à l’exportation en direction du Vieux continent.D’un point de vue réglementaire et législatif, l’ouverture économique telle qu’elle a été préconisée, n’a pas été contrebalancée, en Algérie, par des «modérateurs» techniques et de normalisation réputés pour être, dans les pays libéraux, de véritables remparts contre la concurrence étrangère. Une manière de protectionnisme inattaquable qui a peut-être plus d’effet que les tarifs douaniers les plus élevés. Cela, alors que la conquête du marché européen, elle, suppose une mise aux normes très contraignante, qui hisse, parfois, les coûts de l’exportation vers ce continent à des niveaux tellement prohibitifs que l’action commerciale en devient parfois dénuée de tout enjeu financier, revêtant une symbolique strictement politique. L’idée qui ressort souvent des réflexions liées aux enjeux commerciaux avec des ensembles économiques aussi imperméables que l’UE, c’est que dans le cadre de l’effort d’adaptation aux contraintes commerciales qui nous lient, on en arrive à réaliser, en Algérie, des produits qui, à défaut de se vendre en Europe, s’imposent sur le marché local aux dépens des produits importés.
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Posté Le : 10/03/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. B.
Source : www.horizons.com