Le gouvernement français a adopté, hier en Conseil des ministres, un
projet de loi très attendu sur l'indemnisation des victimes des 210 essais
nucléaires atmosphériques français effectués dans les années soixante, pour
l'essentiel en Polynésie et au Sahara algérien.
Selon les termes du communiqué officiel, le gouvernement «a décidé de
faciliter l'indemnisation des personnes atteintes de maladies radio-induites».
Le texte, tant attendu par les associations de victimes, prévoit que la
réparation intégrale des préjudices sera ouverte aux individus ayant participé
aux essais ainsi qu'aux populations locales à même de justifier leur présence
dans les régions concernées. La loi fixera les périodes et la liste des
maladies reconnues comme découlant de l'exposition à la radioactivité. Les
demandes d'indemnisations, versées en une seule fois sous forme de capital,
seront approuvées par un comité dirigé par un magistrat et par des médecins qui
formuleront des recommandations au ministère de la Défense, qui décidera en
dernier ressort.
La nouvelle est importante et survient au lendemain d'une décision très
formelle de la Cour d'appel de Paris qui contestait la validité des démarches
de réparation. Mais la structure ad-hoc et la procédure prévue par le texte
législatif suscitent les critiques des associations de défense des victimes. En
effet, le comité d'indemnisation, qui est le sas du ministère de la Défense, ne
comprend pas de représentants des victimes et n'est qu'une étape dans un
processus où la décision appartient à un ministère concerné au premier chef par
les expérimentations atomiques. L'administration s'arroge ainsi un double rôle,
celui de juge et partie, qui laisse effectivement planer le doute sur la
fiabilité du système envisagé.
Quid des effets durables ?
Sur le fond, le projet de loi ne semble pas du tout prendre en compte les
effets durables et transmissibles des tests nucléaires à ciel ouvert. La
contamination des sols en particulier, de la chaîne alimentaire - les plantes
et les animaux ont été touchés par les rayons ionisants - et de l'environnement
en général est une réalité avérée dont pâtissent directement les populations
qui vivent dans les régions affectées. Cette contamination peut se perpétuer
pendant de très longues périodes. Plus gravement, le projet de loi ne semble
pas faire cas des descendants, parfois eux-mêmes atteints de pathologies
héritées, des victimes. Combien d'enfants se sont retrouvés orphelins et privés
de toute ressource ?
Le projet de loi représente incontestablement un pas en avant dans la
reconnaissance de la responsabilité de l'Etat en matière d'expérimentations
nucléaires menées au mépris de toute considération humanitaire. Mais ce pas est
tout à fait insuffisant, en tout état de cause très en retrait par rapport aux
tragédies humaines que ces tests ont causées.
Cet élément est d'autant plus problématique que le ministre français
estime à seulement quelques centaines de personnes les victimes susceptibles
d'être indemnisées. Les associations en évaluent le nombre à plusieurs dizaines
de milliers...
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Posté Le : 28/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com