Algérie

Inde : Un Grand Prix sur fond de polémiques




New Delhi (Inde).
De notre correspondante


Vu de haut, le Buddh International Circuit, long de 5,14 km, construit par l’architecte allemand Hermann Tilke et qui a coûté 460 millions de dollars,  s’étend sur  4000 hectares au milieu de terres cultivées et de terrains en friche. Les constructeurs ont choisi un site situé à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Delhi, dans la campagne de Greater Noida.
Ce projet devait voir le jour en 2009, mais ce n’est qu’en 2011 qu’il devient réalité. Voulu et réalisé par le grand industriel indien, Jijay Mallia, plus connu pour sa bière et sa compagnie aérienne, ce défi est également revendiqué par le gouvernement qui veut faire oublier le fiasco des travaux catastrophiques des derniers Jeux du Commonwealth tenus à Delhi. Plusieurs scandales de corruption avaient entaché l’évènement et les principaux responsables ont fini en prison. Mais les fermiers, qui ont été déplacés du site qui abrite le Grand Prix d’Inde, ne seront pas de la fête et comptent profiter de la présence massive des médias pour dénoncer leur expropriation et réclamer des indemnisations équitables. Ils dénoncent le caractère dérisoire des sommes qui leur ont été allouées et qui sont de l’ordre d’à peine 13 euros par mètre carré, une surface qui coûte, à présent, 50 fois plus selon les experts. Mais, la plus grande démocratie du monde, qui veut rivaliser avec les autres pays émergants qui se sont vus attribuer l’organisation d’évènements planétaires (Jeux olympiques, Coupe du monde de football), comme le Brésil, l’Afrique du Sud et la Chine, s’enorgueillit de ce succès et une cérémonie en grande pompe est prévue pour la clôture de la course, ce soir. En attendant la grande compétition, des essais libres se sont tenus hier. C’est l’Allemand Sebastian Vettel (deux fois champion du monde) de l’écurie Red Bull qui a devancé les autres concurrents, Mark Webber, pour Red Bull et Jensen Button pour Mac Laren. Le seul pilote indien, Narai Karthikeyan, qui ne court pas pour l’écurie du patron du Grand prix Force India, mais pour une autre, est arrivé bien loin, à la 22e  position. Force India participe avec  le pilote allemand Adrian Sutil.
Le vrombissement des bolides couvrira sans doute les cris de colère des démunis de l’Inde. Plusieurs ONG, qui soutiennent la cause des paysans dépossédés de leurs terres, critiquent l’initiative, qui profiterait, selon eux, à une minorité nantie. Le prix d’entrée pour assister au Grand prix va de 35 à 600 euros, une fortune dans un pays où le salaire moyen d’un ouvrier n’arrive guère à 100 euros. De plus, les villageois se sentent trahis par l’Etat. Les postes de travail promis n’existent pas et les indemnisations versées aux propriétaires des terres sont très en deça du prix du marché. Le circuit a, en outre, dévié une route qui menait à l’école du village, obligeant les enfants à faire dix kilomètres de plus pour rallier leurs classes.


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