Algérie

Incroyable paradoxe



Incroyable paradoxe
Par Saïd RabiaLe président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est recueilli, hier au carré des martyrs du cimetière El Alia (Alger), à la mémoire des chouhada de la Révolution du 1er Novembre à l'occasion du 53e anniversaire de l'indépendance.Après avoir passé en revue une formation de la Garde républicaine qui lui a rendu les honneurs, le président Bouteflika a déposé une gerbe de fleurs au pied de la stèle commémorative et lu la Fatiha du Saint Coran à la mémoire des martyrs de la Révolution. Le chef de l'Etat n'a donc pas raté le 53e anniversaire de l'indépendance. Les images de sa virée à El Alia sont montrées par toutes les chaînes de télévision, privées et étatiques, et évidemment accompagnées d'un chapelet de commentaires vantant pompeusement «les belles réalisations» de Bouteflika depuis son arrivée au pouvoir en avril 1999. Les images sont venues aussi conforter la sortie de la veille, la lettre dans laquelle le locataire du palais d'El Mouradia ne songe pas à écourter son mandat.Le message pour ce 5 juillet est passé. Bien que ce ne soit pas la première fois que le chef de l'Etat ait dit qu'il ne partira pas, la Présidence a cru bien faire de le réitérer à l'occasion de la Fête jumelée de l'indépendance et de la jeunesse. Le tout emballé dans la sortie burlesque de l'inénarrable Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, lors de sa visite dans la wilaya d'Alger, a affirmé : «Nous avons une armée forte et un Président debout.» La date du 5 Juillet, qui devait être une halte pour faire le point sur les avancées qui auraient pu être celles de l'Algérie depuis 1962, un moment d'hommage aux martyrs de la Révolution et de recueillement à leur mémoire, a été, hier, malheureusement, un moment difficile à vivre avec un total désenchantement. Incroyable paradoxe : un pays si jeune pris en otage par une gérontocratie au pouvoir soutenue par de voraces affairistes.Les Algériens ont fait certes une grande Révolution, mais ont échoué lamentablement à mettre en place un Etat moderne qui prémunit contre la tentation de l'archaïsme et le surgissement imprévisible de pouvoirs despotiques et personnels. Pour aller à contre-courant des bilans flatteurs que la flopée de tartuffes distille à longueur d'année, 53 ans d'indépendance n'auront pas suffi au pouvoir à affranchir l'Algérie de la dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière.Abdelaziz Bouteflika, qui a bénéficié pourtant d'une conjoncture plus que favorable, des centaines de milliards de dollars, n'a pas réussi à placer le pays dans la meilleure trajectoire de l'après-pétrole. Au moindre frémissement des prix de l'or noir sur les marchés internationaux, les Algériens subissent les contrecoups d'une économie qui ne produit rien, et importe tout. Le bilan du président Bouteflika est à tous points de vue très discutable. Non seulement, il n'a pas réussi à relancer l'économie nationale, mais sa gouvernance est marquée par les plus graves scandales de corruption que le pays n'ait jamais connus.Et dire que le chef de l'Etat est l'artisan, l'unique, du rétablissement de la paix dans le pays serait tordre le cou à l'histoire et manquer surtout de respect à ceux qui ont pris les armes contre le terrorisme en mettant en péril leur vie, celle de leurs familles, de leurs enfants et de leurs proches. Il ne faut pas être expert pour apprécier le bilan de l'homme.




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