Algérie

Incroyable ! Libre expression sur Canal Algérie


Lundi soir, sur Canal Algérie, c'était «libre expression». De quoi faire le buzz sur internet.«Prenez le fauteuil et cassez-vous !» Lundi soir, les invités de l'émission «Question d'actualité», en direct sur Canal Algérie, se sont lâchés. Et font, depuis le début de la semaine, le buzz sur internet ! Le caractère particulièrement libre des propos des invités, peu commun à la télévision algérienne, avait de quoi étonner. Si les participants interrogés se disent eux-mêmes «surpris» par cette liberté de ton, le journaliste Ahmed Lahri, joint par téléphone, s'attendait à cette tournure des événements. «Malheureusement, le marasme social a fait que ces jeunes avaient besoin de crier leur ras-le-bol et ils ont profité de l'opportunité d'être en direct sur une télévision d'Etat pour le faire plutôt que de s'adresser à la classe politique», commente-t-il.
Face aux déclarations, parfois acerbes des participants, le journaliste a choisi de laisser le débat suivre son cours. «Je dois dire que j'ai eu un peu de mal à les recadrer, alors je me suis dit qu'il fallait leur laisser cette opportunité pour dire ce qu'ils pensent réellement de la classe politique», déclare-t-il. Zerrouki Abdelkrim, 34 ans, chef d'entreprise, ne s'attendait pas à une telle ouverture du débat. «Nous étions spontanés et naturels, témoigne-t-il. Nous pensions que nous devrions mesurer nos paroles, mais nous étions très contents de voir que les choses évoluent !»
Manque de confiance
Tout aussi surpris, Mouloud Hechlef, responsable commercial, 24 ans : «Nous en avons profité au maximum. Ça représente une grande bulle d'air pour nous», précise-t-il. Pour les besoins de l'émission, le staff a essayé de regrouper différents profils, explique Ahmed Lahri. «Jeunes étudiants, jeunes chômeurs et jeunes employés dans n'importe quel secteur. L'étudiant, qui aspire à travailler normalement, devrait avoir une culture politique. Les chômeurs vivent une situation qui ne leur laisse pas beaucoup d'espoir. Il y a une crise de confiance réelle entre les chômeurs et le gouvernement.» Les réactions ont été nombreuses, particulièrement en ligne où les vidéos ont été relayées à travers les sites communautaires.
«Dès le lendemain, les gens m'interpellaient, me disaient que c'était une bulle d'oxygène et qu'ils se sentaient bien représentés», raconte Tarek Zerrouki, jeune entrepreneur. «Ça prouve que l'Algérien a certaines connaissances politiques et maîtrise son environnement, mais n'arrive pas à s'identifier à ses représentants politiques actuels», poursuit le jeune homme de 30 ans, très actif dans le mouvement associatif qui précise : «Le manque de confiance entre administrateur et administré et la rupture totale de confiance laissent le jeune aussi loin de la politique.» Pour sa part, Mouloud Hechlef souligne : «Mon entourage était très surpris, même si certains imaginent une machination derrière tout ça. On le saura après les législatives.»
«Une vocation»
Du côté de la télé, le journaliste Ahmed Lahri confie : «Nous avons tenu une séance de travail avec le nouveau directeur général pour évaluer cette émission. Les émissions de ce genre donnent beaucoup de crédit à l'ENTV, surtout à l'heure de la concurrence. N'oublions pas qu'on fait du service public, normalement, c'est une vocation de donner la parole à des jeunes dans ce genre de situations.» Faut-il y voir une nouvelle ère sous le signe de la liberté d'expression à la télévision algérienne ' L'animateur et les invités ont envie d'y croire. Ahmed Lahri se dit favorable à une telle entreprise. Tarek Zerrouki précise : «Si on laisse des espaces d'expression aux jeunes, on comprend mieux leurs besoins et on peut élaborer des lois ou des projets qui y répondent directement.»
Plus optimiste, Abdelkrim Zerrouki déclare : «Les gens ont compris que la liberté de la presse est palpable, ce ne sont pas des slogans montés de toutes pièces, c'est le début de la liberté d'expression et j'espère que ça va continuer sur cette voie.» Plus pondéré, le jeune Mouloud Hechlef tranche : «Tout ça se confirmera, ou pas sur le long terme.»
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