INCINÉRÉS À CIEL OUVERT À BORDJ BOU-ARRÉRIDJ: Les citoyens face au danger de la fumée des déchets

Au-delà de l’aspect esthétique enlaidi par ces poussières et autres objets volatiles, les fumées qui se dégagent lors de l’incinération des ordures contiennent des composés de dioxine très dangereux pour la santé des citoyens.

L’absence de mesures de la part des autorités pour faire cesser la combustion de déchets à ciel ouvert dans toutes les régions de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj menace sérieusement la santé des personnes habitant à proximité, violant leur droit à la santé.

“C’est la mort que nous respirons”, dénoncent les habitants du village Makhamra, dans la commune d’El-Achir, 5 km à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj.

Mêmes préoccupations des habitants de plusieurs autres localités de l’est de la wilaya, comme Boumergued, ferme Akhrouf, Sidi M’barek ou celles de plusieurs communes du Nord. Dans plusieurs régions de la wilaya, la fumée est quotidienne et durant toute la journée.

“Les décharges d’El-Achir ou de Boumergued sont actives dès 17h jusqu’à la matinée”, déplorent les riverains.

“Même au niveau des petits points de rejet de déchets situés entre deux blocs de bâtiments ou même dans des petites ruelles des quartiers, on s’adonne à cette pratique, croyant assainir le cadre de vie de la ville”, ajoutent-ils, non sans relever que “sur les lieux de la suie noire issue de feux récents et des dépôts de cendre indiquent de vastes incinérations”.

Cette situation met en évidence l’absence d’actions efficaces de la part des responsables de la wilaya pour mettre fin à la pratique répandue de combustion des déchets en plein air, ainsi que l’inexistence de dispositif de surveillance ou d’information sur les effets de ces fumées sur la santé publique.

Les personnes vivant près des sites d’incinération ont rapporté des problèmes de santé qui correspondent aux effets médicaux attendus en cas d’inhalation fréquente et prolongée des fumées de combustion issues des décharges.

“Au-delà de l’aspect esthétique enlaidi par ces poussières et objets volatiles, les fumées qui se dégagent lors de l’incinération des ordures contiennent des composés de dioxine et ont des effets multiples et très dangereux sur la santé des populations”, explique un jeune médecin de la commune d’El-Achir.

“Une exposition prolongée et chronique aux fumées contenant une forte concentration de dioxine peut entraîner des cancers”, avertit-il.

Au-delà de cette grave maladie, d’autres pathologies peuvent concerner, à des degrés divers, des individus ayant inhalé d’une manière chronique ou ingurgité via l’alimentation ces dangereuses formes moléculaires (dioxines). De l’avis de spécialistes, il s’agit essentiellement des maladies cardiovasculaires, de la destruction du foie, de lésions cutanées, de taches sombres sur la peau, de maladies du système nerveux…

Depuis que l’incinération de déchets à ciel ouvert est devenue plus fréquente dans les zones rurales et agricoles, il y a une préoccupation particulière concernant les quantités importantes de dioxine et de furane retrouvées dans les récoltes et les cours d’eau. Les dioxines et les furanes produits se déposent sur les plantes, qui sont mangées par les animaux et restent dans la chaîne alimentaire pour finalement se retrouver dans la viande et les produits laitiers consommés.

L’incinération de déchets à ciel ouvert résulte de l’incapacité des responsables, depuis des années, à gérer les déchets de façon à respecter les lois environnementales et sanitaires destinées à protéger les personnes et l’environnement. Des études scientifiques ont montré les dangers pour la santé humaine des fumées de combustion des déchets ménagers en plein air. Les enfants et les personnes âgées sont particulièrement exposés à ces risques. Aussi, la mise en place d’une stratégie durable de gestion des déchets qui respecte les meilleures pratiques en matière d’environnement et de santé publique s’impose à Bordj Bou-Arréridj.



Photo: La fumée se dégageant de l’incinération des déchets, un danger pour la santé publique. © D.R.

Chabane BOUARISSA