Un groupe d'immigrés tunisiens, en attente de rapatriement vers leur pays,
en vertu d'un accord signé entre Tunis et Rome, a été à l'origine d'un
mouvement de protestation qui est allé crescendo pour dénoncer les conditions
d'accueil de plus d'un millier de clandestins tunisiens sur la petite île
italienne de Lampedusa. Mardi, un incendie, allumé l'après-midi, a détruit
trois bâtiments du centre d'accueil local. Dans la matinée d'hier, quelque 300
immigrés tunisiens ont défilé dans les rues de Lampedusa aux cris de «liberté, liberté».
Les autochtones, passablement excédés par cette présence dans leurs rues, ont
bombardé de pierre les immigrés qui ont riposté et menacé de faire exploser des
bonbonnes de gaz. Les habitants de Lampedusa s'en prendront même à deux équipes
de télévision ainsi qu'à des journalistes. Cette montée d'intolérance locale
s'est manifestée aussi avec le siège de la mairie par plusieurs dizaines de Lampedusains, reprochant à leur édile une ligne de conduite
qu'ils jugent trop tolérante envers les immigrés. Les heurts entre des
policiers anti-émeutes et des centaines d'immigrés tunisiens ont fait une
douzaine de blessés, ont indiqué les médias italiens. Des policiers équipés de
casques et de boucliers ont matraqué des immigrés qui se sont lancés d'une
hauteur de 3-4 mètres
dans une cour pour échapper aux coups. Selon l'agence Ansa, trois membres des
forces de l'ordre ont été blessés ainsi qu'une dizaine de manifestants
tunisiens. La situation confuse a fait réagir plusieurs partis dont le maire de
l'île qui a évoqué «un scénario de guerre». Le gouverneur de Sicile a appelé, quant
à lui, à vider Lampedusa avant qu'elle ne devienne «un
territoire livré à la guérilla et à la terreur», dénonçant au passage
l'attitude du ministère de l'Intérieur. Le Parti démocrate, le principal parti
d'opposition, a demandé des comptes au gouvernement sur les derniers événements
de Lampedusa, sur les conditions dramatiques des immigrés dans le centre
d'accueil et des habitants de l'île. Ces immigrés tunisiens ont déjà été à
l'origine de la décision de la
Commission européenne d'entériner les propositions de la France de revoir les
clauses de sauvegarde des accords de Schengen sur la libre circulation des
personnes en Europe. Selon la version française, la sortie de l'Elysée a été
conditionnée par l'octroi par les autorités italiennes à quelque 25.000
immigrés illégaux, arrivés sur le sol transalpin de Tunisie et de Libye, de
titres temporaires de séjour leur ouvrant la porte des 23 autres pays de
l'espace Schengen. Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, avait
déclaré que la France
refusait de « subir » cet afflux d'immigrants en bloquant notamment, le 17
avril, des trains venant de la gare italienne de Vintimille. Pour rappel, plus
de 48.000 migrants illégaux venus de Tunisie ou de Libye sont arrivés, depuis
le début de cette année, dans le sud de l'Italie après avoir traversé la Méditerranée dans des
embarcations de fortune.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 22/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com