Algérie

Incident à la frontière algéro-marocaine


Aux lieuxdits Ouled Mellouk et Ouled Ziane, à 5 km du poste frontalier Akid Lotfi (14 km de Maghnia), des agriculteurs algériens, ahuris, se dressaient contre le bulldozer. « Mais arrêtez, vous piétinez les terres algériennes ! » En face, un haut gradé de Sa Majesté, accompagné de responsables en tenue civile, tentait, sans le déplier, d?exhiber un plan. Tlemcen. De notre bureau Les travaux s?effectuent sur notre sol, messieurs », argumenta le colonel, d?un ton courtois. « C?est faux, monsieur, rétorqua avec colère un agriculteur, un houx à la main. Vous êtes sur mes terres et les documents cadastraux en ma possession le prouvent. » Ne lâchant pas prise, il lui montra du doigt les jalons, posés par l?armée coloniale, délimitant les frontières. « Les bornes sont visibles même pour un aveugle, vous voyez bien que vous les dépassez, arrêtez votre engin ! », s?insurgea le citoyen avant d?aller déposer plainte au niveau des services de sécurité de Maghnia et de retourner sur les lieux dare-dare. Après palabres, le gradé chérifien ordonna l?arrêt des travaux, mais ce n?était que momentané, puisque le lendemain, le même chantier ira tenter de « déflorer » d?autres espaces algériens. Même résistance chez les agriculteurs nationaux. « Ecoutez, messieurs, cela fait deux jours que nous attendons une réaction de vos officiels et nous allons encore attendre, même si les délais de notre projet en prendront un coup », s?assagit le militaire, toujours accompagné d?une armada de responsables dont ceux du cadastre et des domaines royaux de l?Est marocain. Mardi, à 13h30, aucune de nos autorités ne s?était encore manifestée. La situation demeurait en suspens. D?un côté, nos agriculteurs sur le qui-vive, de l?autre (un mètre) des Marocains anxieux, ne sachant que faire. Devant cette situation bizarrement ubuesque, un de nos autochtones nous explique : « Vous savez qu?entre nos voisins et nous, il existe un no man?s land, autrefois miné par l?armée coloniale, alors imaginez que même cet espace est occupé par les Marocains, alors qu?il devrait rester neutre ! » Hier vers 10h, des responsables algériens, dont des ingénieurs en topographie dépêchés d?Alger et de Tlemcen, se sont déplacés sur les lieux des litiges. Sans perdre l?ombre d?un instant, ils se sont attelés au travail sur le terrain (inspection, contrôle et vérification du tracé, se basant sur des documents). De l?autre côté de la « barrière », le ronronnement du bulldozer avait cessé et il nous était difficile d?en prendre connaissance, devant le « secret d?Etat » qui nous avait été imposé. En l?absence du premier responsable de la wilaya, en congé, nous a-t-on dit, aucune source responsable n?était habilitée à faire des déclarations ou des commentaires. Cependant, situé à quelques dizaines de mètres de nos topographes, nous avons saisi une bribe de discussion : « Nous ne céderons pas l?ombre d?un centimètre de notre territoire ! » Sur cette bande frontalière de l?extrême ouest du pays, ce type de conflit ne date pas d?hier, en ce sens que souvent des échauffourées éclatent entre les agriculteurs des deux pays. En fait, le colonel marocain détient-il les mêmes plans que ceux en possession des agriculteurs algériens ?
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