Six mois nous séparent de la présidentielle aux Etats-Unis, une échéance à laquelle est en train de se préparer l'équipe Obama, l'actuel président. Obama veut briguer un deuxième mandat, et il veut remporter l'élection, dans un contexte de crise difficile. Il ne veut pas essuyer un échec similaire à celui de Sarkozy. Un des problèmes posés est que le président sortant va faire face à l'augmentation des prix à la pompe, conséquence de l'envolée des cours de pétrole. Obama fera tout pour calmer les marchés pétroliers. Et ce n'est pas fortuit qu'il en a parlé lors du dernier Sommet du G8, soulignant que les marchés pétroliers restent instables et que des prix élevés du brut pourraient être nuisibles à la croissance mondiale. Il veut des prix bon marché, et il a, en cela, le soutien de nombreux pays membres de l'Ocde, en plus de l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Aujourd'hui, les prix évoluent autour de cent dollars, un niveau relativement bon, raisonnable. Et, si les prix à la pompe augmentent, ce n'est pas essentiellement en raison du relèvement des cours de l'or noir, mais de taxes parafiscales et autres impôts pratiqués dans plusieurs pays développés. Lors d'un séminaire organisé, la semaine dernière, à Alger, et qui a été consacré aux carburants propres et à la question du raffinage en Algérie, il a été souligné par des experts que les taxes constituent, dans certains pays, plus de soixante-dix pour cent du prix du carburant. Les pays consommateurs n'évoquent que rarement la problématique des taxes. Normal, ils ont des budgets à confectionner. Les pays pétroliers estiment eux que les marchés ne doivent pas être liés à une échéance électorale, les chefs d'Etat ne doivent pas en faire une option électoraliste. Indépendamment de cet aspect, le pétrole est soumis à rude épreuve, des pays développés voulant promouvoir de nouvelles énergies, des énergies de substitution au pétrole, une démarche qui a pris forme dans beaucoup de pays et cela n'agrée pas aux pays pétroliers, notamment ceux de l'Opep. Les pays non Opep préfèrent ne pas s'intéresser au débat sur les marchés ; ils en tirent profit, chaque fois que l'Opep opère des coupes dans ses volumes d'exportations. Les pays Opep font part en tout cas de réserves par rapport aux politiques visant à réduire fortement la consommation des combustibles fossiles. Ce sont des politiques claires dont certaines commencent à être planifiées et à se mettre en place au sien de l'Union européenne, visant à réduire fortement et dans de cours délais la consommation des combustibles fossiles. Déjà que les capacités non utilisées de pétrole et de gaz sont significatives à l'échelle mondiale. Et, elles sont appelées à augmenter dans le proche avenir, une croissance qui va accentuer les incertitudes sur les marchés pétroliers et limiter l'investissement pour augmenter les capacités dans les activités en amont et tout au long de la chaîne industrielle, dans beaucoup de pays pétroliers et gaziers. Et, les perspectives ' Elles ne semblent pas bonnes, une grande divergence sur la taille du marché pour le pétrole Opep à l'horizon 2030 caractérisent les prévisions établies par cette organisation et par l'AIE, confirmant ainsi de telles incertitudes. Des actions responsables et décisives ont été prises par l'Opep pour équilibrer l'offre et la demande globales de pétrole et stabiliser le marché. Mais à elle seule, l'organisation pétrolière ne peut pas tout régler. La réponse aux défis liés aux incertitudes qui pèsent sur les marchés devra commencer par la garantie de plus de transparence dans le fonctionnement des marchés, en particulier financiers, de meilleures données et informations sur les marchés physiques et d'un dialogue productif, qui va au-delà de l'immédiat, entre tous les acteurs. Tous les acteurs qui sont censés être impliqués dans les marchés doivent agir afin d'améliorer la régulation des marchés financiers qui va, au-delà de plus de transparence, limiter les variations extrêmes, telles celles observées en 2008, une période de crise qui a fragilisé bien des économies et risque d'en emporter d'autres. Les marchés pétroliers sont encore sous le coup du yo-yo des prix, d'il y a quelques mois. En 2008, les marchés avaient connu une envolée spectaculaire, un record à la hausse à 147 dollars le baril, avant de s'évanouir et de chuter à 32 dollars durant la crise économique mondiale et son rétablissement autour de 80 dollars. Et, si l'on remontait le temps : le cours a échappé à tout contrôle fin 2008 en raison de la spéculation. La spéculation dans le secteur pétrolier mais aussi dans celui financier. Aujourd'hui, pays pétroliers et pays consommateurs appellent tous au dialogue, pour stabiliser les marchés. Les pays producteurs et consommateurs de l'énergie plaident pour un marché mondial plus transparent en vue de réduire l'instabilité des prix du brut, un v'u qu'ils n'arrivent, cependant, pas à mettre en pratique, car les deux camps n'ont pas les mêmes intérêts en jeu. Ils pourront toujours répéter qu'il a été décidé de renforcer le dialogue entre producteurs et consommateurs pour réduire l'instabilité des marchés de l'énergie. Les marchés de l'énergie doivent être aussi transparents que possible et de meilleures informations doivent permettre une meilleure compréhension du comportement des prix et des réactions de régulation appropriées. Pour stimuler la «transparence» et la «solidarité énergétique», les principaux acteurs des marchés (pays consommateurs et producteurs) décident même de rédiger une charte qui encadrera le dialogue producteurs-consommateurs. Cela est très important, c'est un signal fort en direction des marchés. Les producteurs de gaz naturel manifestent eux leur volonté d'une revalorisation de son cours. L'Algérie, par exemple, a recommandé, à plusieurs reprises, une réduction de la production, car le prix actuel sur le marché spot n'est pas viable. Le niveau actuel du prix du brut convient aux producteurs comme aux consommateurs, mais sa stabilité n'est pas garantie, en raison de l'incertitude sur la reprise économique et des troubles dans des pays producteurs comme l'Irak ou le Nigeria, ou en raison des sanctions qui pèsent sur l'Iran ou encore en raison de l'interruption des exportations pétrolières libyennes liée aux troubles qu'a connus ce pays. Cela dit, il y a besoin aujourd'hui en termes de développement des énergies nouvelles. Il y a, cependant, cette évidence : le pétrole et le gaz continueront de dominer le marché pendant des dizaines d'années.
Y. S.
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Posté Le : 27/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Youcef Salami
Source : www.latribune-online.com