Algérie

Incertitude autour du retour de la délégation de Damas



Les pourparlers inter-syriens de Genève reprennent aujourd'hui mais risquent de tourner court en raison des réserves émises par la délégation du gouvernement syrien quant à sa participation, suite aux propos «provocateurs» de l'opposition qui pose comme préalable le départ du président Bachar al-Assad à l'entame de la transition politique en Syrie ravagée par près de 7 ans de guerre.La huitième session des pourparlers sur la Syrie qui se poursuivra jusqu'à mi-décembre, devrait porter les jours prochains sur l'application de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de décembre 2015. Le texte prévoit notamment une transition sans que le départ de Bachar al-Assad soit un préalable, l'élaboration d'une nouvelle constitution, puis la tenue des élections sous contrôle des Nations unies. «C'est à Damas de décider» si la délégation doit revenir mardi» comme l'a proposé le médiateur de l'ONU pour la Syrie, a déclaré vendredi dernier Bachar Al-Jaafari, le négociateur en chef du gouvernement syrien. M. Jaafari a critiqué l'opposition pour son «langage provocateur, irresponsable» au sujet du sort du président Bachar Al-Assad. L'opposition a de nouveau réclamé publiquement le départ du chef de l'Etat syrien avant tout règlement politique du conflit. «Le langage était provocateur, irresponsable politiquement parlant», a dit M. Jaafari, ajoutant que «tant que l'autre partie tiendra ce langage (...) il n'y aura aucun progrès». «Ceux qui veulent imposer des conditions préalables ne sont pas réalistes. Il y a une réalité politique sur le terrain, nous sommes le camp fort et notre armée gagne face aux terroristes», a rappelé M. Jaafari, qui est l'ambassadeur de la Syrie à l'ONU à New York. La délégation gouvernementale avait déjà exprimé son mécontentement en étant absente mardi dernier au premier jour des pourparlers. L'opposition, bien que se présentant pour la première fois à Genève au sein d'une seule et unique délégation, sans ses représentants les plus extrémistes, a de nouveau réclamé publiquement le départ du chef de l'Etat syrien avant tout règlement politique du conflit. Les factions de l'opposition syrienne ont tenu une réunion à Riyadh entre le 22 et 24 novembre pour former une délégation conjointe pour reprendre les négociations directes à Genève. A la fin de la réunion, l'opposition a fait une déclaration finale contenant des «conditions préalables qui ne faisaient pas l'unanimité et contredisant même la lettre et l'esprit de la résolution 2254», selon le gouvernement syrien. En effet, l'opposition continue de réclamer le départ d'al-Assad condition formulée depuis le début du conflit il y a bientôt 7 ans. Damas souhaite que les opposants renoncent à leur exigence et acceptent le principe d'une transition pilotée par le président jusqu'à la tenue de nouvelles élections.
Aussi, comme l'a indiqué un proche conseiller de Bachar al-Assad, les discussions de Genève ne pourraient aboutir que si les factions armées de l'opposition acceptaient de déposer les armes. Le médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, espère faire endosser rapidement aux deux parties «douze principes centraux». «Ils sont essentiels par ce qu'ils renvient à ce que pourrait être une vision partagée du genre de Syrie ou les Syriens voudraient vivre» a explique M. de Mistura. Il s'agit de notions très génériques (intégrité nationale, souveraineté, égalité hommes femmes, respect de toutes les religions, multiethnicité). Staffan de Mistura avait en septembre appelé l'opposition à être «assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre». Et mercredi, il a demandé aux deux délégations de s'abstenir de faire des déclarations visant à «délégitimer» l'autre partie.
M. De Mistura a organisé sept cycles de pourparlers depuis 2016, sans obtenir de résultats. Le conflit en Syrie, qui dure depuis plus de six ans, a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés. Selon l'ONU, il faudra au moins 250 milliards de dollars pour reconstruire la Syrie.


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