In Salah prépare sa manifestation

Un moratoire sur l'arrêt de l'exploitation du gaz de schiste a été transmis jeudi dernier au président de la République.La mobilisation s'accentue. La contestation à In Salah passe à la vitesse de croisière. Une manifestation de grande envergure est prévue pour la journée du 24 février, date de la nationalisation des hydrocarbures. «Quelque 25.000 personnes seront au rendez-vous dans le centre-ville de In Salah pour crier haut et fort leur refus à l'exploitation du gaz de schiste», a affirmé Abdelkader Bouhafs. Contacté par nos soins, ce représentant de la société civile assure que tous les habitants de In Salah vont sortir dans la rue pour pousser le gouvernement à revoir sa décision. Pour eux, c'est l'occasion ou jamais de faire pression sur le gouvernement. La population de cette daïra, qui est à plus d'un mois et demi de contestation, compte faire une véritable démonstration de force. «Nous sommes en train de mener une campagne de porte-à-porte auprès des familles pour mobiliser le maximum de personnes pour la journée du 24 février», a affirmé M.Bouhafs en précisant qu'une grève générale sera observée.L'administration et les commerces vont baisser leurs rideaux. Même les écoles seront probablement fermées. «Nous sommes en train de discuter sur la fermeture des écoles ou pas», a indiqué notre interlocuteur. M.Bouhafs a tenu à préciser que cette manifestation n'a rien à voir avec celle de l'opposition. «Notre démarche est apolitique et elle est purement écologique», a-t-il insisté pour écarter toute confusion et éclairer l'opinion publique. Alors que la Coordination nationale des libertés et de la transition démocratique (Cnltd) et le Pôle du changement ont appelé à des manifestations à travers le pays pour dénoncer l'exploitation du gaz de schiste, le mouvement de In Salah préfère faire cavalier seul pour éviter toute tentative de récupération politique. Pour se faire distinguer, M.Bouhafs a fait savoir que les slogans porteront uniquement sur le refus de l'exploitation du gaz de schiste et l'appel au développement de la région. En parallèle des actions de contestation, la société civile a transmis mercredi dernier un moratoire au président de la République portant sur l'arrêt de l'exploitation du gaz de schiste. Malgré le refus du gouvernement et du président de la République de faire marche arrière sur cette démarche, la population tente encore une dernière chance en interpellant pour la seconde fois le chef de l'Etat. Le moratoire a été cosigné par plusieurs experts algériens solidaires du combat de la population de In Salah. Dans cette lettre, la population a fait un constat sur l'échec des négociations entre la population et les pouvoirs publics. «Nous, habitants de In Salah, habitants du Sud algérien, citoyens algériens, venons vous solliciter au nom de nos concitoyens du Sud et de toute l'Algérie qui s'opposent à l'avenir funeste que nous réserve l'exploitation de schiste», indique la lettre.Les rédacteurs de ce courrier ont évoqué les conséquences de l'exploitation de cette source sur l'environnement, la pollution de l'eau et de l'air, les répercussions sur la santé. Comme ils ont relevé les contradictions entre les instructions données par le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres restreint et les actions menées sur le terrain. Les habitants de In Salah ont appelé le gouvernement et les opérateurs en particulier à veiller à la protection de la santé de la population. «Le gouvernement devra veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés pour la protection de la santé de la population et la préservation de l'environnement», ont plaidé les signataires. Ce n'est pas tout. La société civile a même réalisé un film documentaire sur les effets de l'exploitation du gaz de schiste qui a été adressé aux députés pour les sensibiliser davantage sur les graves conséquences sur l'environnement. La population de In Salah porte un grand espoir sur la sortie du Premier ministre qui se rendra, à l'occasion du 44ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, à Ouargla. Sellal va-t-il changer ou réitérer sa position' Attendons pour voir.