Un militant écologiste antigaz de schiste élu député pour représenter la circonscription administrative d’In Salah.
Quoi de plus pragmatique et réfléchi que de déplacer la revendication sociale antigaz de schiste de la rue d’In Salah, vers la Chambre basse du Parlement?
L’ingéniosité de ces militants de l’environnement et du développement durable, dont les visages ont été découverts fin 2014 par le reste de l’Algérie et qui avaient retrouvé, la mort dans l’âme, leurs quartiers généraux au plus fort des représailles qui n’avaient pas tardé à cibler certains parmi eux, n’a pas de limites.
«Nous ne nous contenterons plus d’exiger de Sonatrach de ne plus pomper le sous-sol au détriment des habitants, de l’environnement et de l’avenir des générations futures», comme le soulignait il y a quelques jours Ahmed Taleb, candidat du Parti des jeunes.
L’objectif est de quitter la sphère locale vers celle de la proposition, de la législation.
Ce militant, porté sur les épaules, faisant le bonheur d’In Salah, s’était forgé une opinion dont il avait fait part à El Watan en janvier 2016, lors de la commémoration «ratée» du premier anniversaire de la contestation, au moment où Sonatrach renonçait au forage du second puits de gaz de schiste de l’Ahnet et annonçait discrètement la suspension de l’exploration du gaz de schiste à In Salah début 2016, n’a pas de limites.
Portant en eux la trace indélébile d’une répression violente de leur mouvement pacifique dont l’écho a fait le tour du globe, leurs leaders multiplient leurs activités depuis, allant de l’organisation ou la participation à des rencontres scientifiques, à la formation dans les écoles, à la documentation et présentation du dossier de classification de la zone humide féerique de Tihelgmine par la Convention de Ramsar.
Les écologistes du désert ont voulu quitter l’APW de Tamanrasset où ils ne trouvaient plus de répondant pour investir le Parlement. Il s’agit donc des premières élections post-mouvement antigaz de schiste, et les résultats préliminaires annoncés il y a trois jours donnent pour gagnant Taleb Abdallah Ahmed, virulent orateur devant un membre du comité des 22 qui avait mené les négociations avec les pouvoirs publics en 2015.
Dans la wilaya de Tamanrasset, les résultats de ces législatives n’ont pas été sans surprises, avec pour la première fois, un patchwork politique, où le FLN s’avère minoritaire et une victoire établie des courants politiques qui participent pour la première fois aux élections législatives.
Ainsi, In Salah s’est vu attribuer un siège représentant non seulement la réussite inespérée de Taleb Abdallah Ahmed, à la tête de la liste du Parti de la jeunesse, mais aussi une revanche assurée du mouvement de contestation écologiste antigaz de schiste, qui a fortement soutenu cette candidature d’un des piliers de la contestation pacifique.
Menant une rude bataille au sein même de sa tribu des Mrabtine, qui a vu la présentation de la candidature de Larbi Balhadj, ex-maire d’In Salah, quasiment sûr de son succès vu son ancrage politique dans la capitale du Tidikelt, Taleb, enseignant de physique et syndicaliste rodé depuis plusieurs années représente pour la wilaya déléguée d’In Salah une troisième voie et un affranchissement certain des caciques des affaires locales, tous des transfuges du FLN.
D’aucuns estimaient que cette candidature n’allait jamais aboutir pour diverses raisons liées à la situation même d’In Salah au lendemain de la levée du camp de la place Somoud et la dislocation du groupe de contestataires dont beaucoup vivent encore avec nostalgie «une belle époque où toute la ville s’est unifiée dans un seul but, celui de protéger les nappes acquières d’In Salah».
Une image inédite, d’une population très versée dans la culture associative et écologique grâce à la mobilisation de dizaines de petits et jeunes militants de l’environnement bataillant chaque jour dans des conditions difficiles, voire hostiles, pour préserver les ressources naturelles de la région, lutter contre la salinisation des eaux, a transformé les palmeraies du Tidikelt en cimetières de palmiers, sauver les foggaras, quantifier et documenter les atteintes engendrées par l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures et éduquer la jeune génération au tri sélectif et à la protection du milieu en vue de l’émergence d’un mouvement écologique en plein désert.
C’est ainsi qu’une ville enfouie dans le Sahara, constituée d’à peine 44.000 habitants comptait sept associations écologiques à elle seule, parmi elle, la mieux structurée et la plus audacieuse, celle de Shams In Salah, dont les membres ont activement participé au mouvement «Somoud» qui a donné son nom à la grande place située devant la daïra, promue depuis en siège de la wilaya déléguée d’In Salah.
Photo: Les habitants d’In Salah se révoltent contre l’exploitation du gaz de schiste
Houria Alioua
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Posté Le : 10/05/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Houria Alioua
Source : elwatan.com du mercredi 10 mai 2017