Algérie

In memoriam



En Afrique, quand on est président, on ne meurt pas dans son lit. Sorti de la violence coloniale, le chef suprême passe des nuits blanches à chercher à exorciser les peurs du complot et des trahisons. L'insomnie fait partie intégrante de l'exercice du pouvoir. Dictateur de gauche ou de droite, tout est réduit à l'idée lancinante de se maintenir au plus haut sommet. Le pouvoir absolu est euphorisant, corrompt l'esprit. Il y a des présidents que l'on acclame avec sincérité, d'autres que l'on craint et pousse à se fondre dans la masse. Il y a aussi ceux que l'on abhorre jusqu'à leur souhaiter la mort subite. Il y a aussi ceux qui passent de vie à trépas et qu'on souhaite oublier, comme faisant partie de nos pires cauchemars. C'est qu'en Afrique, être président, c'est aussi être un monarque absolu avec confiscation de tous les droits de l'autre, l'asservissement des plus faibles. L'allégeance est la règle, elle est moyen d'ascension sociale et de partage des avantages. L'Afrique post-indépendance aura été marquée par les turpitudes, la corruption, les assassinats et l'emprisonnement des opposants à quelque niveau qu'ils soient. C'est assurément une page que les consciences insurgées veulent tourner. Mais, nonobstant tous les agissements iniques, il y a l'envers et l'endroit. Toujours aussi convoité pour ses ressources naturelles, le continent aux multiples ethnies, langues, aux climats contrastés, a vécu aussi des moments glorieux grâce à des hommes intègres, portés haut par leur idéal de justice à rendre à leur peuple soumis des siècles durant et réduits à toutes sortes d'esclavage. Nombre d'entre eux succomberont à la maladie quand ils ne sont pas victimes d'assassinat. De ces hommes, l'Histoire est timorée quand elle est écrite sous la dictée des maîtres. Aujourd'hui, il est temps de réhabiliter tous ces militants de l'indépendance et de la liberté et pour nombre d'entre eux, morts les armes à la main. Et pourquoi pas un musée qui leur serait dédié, «in memoriam» ! En effet, c'est toute une décennie qui a été marquée de leurs engagements, voire leurs sacrifices au déni de leur vie privée. Qui connaît le Ghanéen Kwamé N'Krumah, Jomo Kenyatta du Kenya, le Malien Modibo Keita, tiers-mondiste et panafricaniste convaincu, le Guinéen Ahmed Sékou Touré. Nous arrêtons là, car la liste de ces militants de la liberté de l'Afrique est longue. Le c?ur saigne de ces Justes, disparus dans des conditions insoutenables. Il nous vient en mémoire, Patrice Lumumba du Congo Kinshasa (actuel Zaïre), le jeune capitaine du Burkina Faso (ce nom lui revient) Thomas Sankara - grand admirateur de la Révolution algérienne - les Marocains Abdelkrim El Khattabi ; Mehdi Benbarka ; Ferhat Hached, le syndicaliste tunisien, le Tanzanien Julius Nyerere, le Namibien Sam Nujoma ; Nelson Mandela le Sud-Africain... Et bien d'autres. Le projet du Grand Musée de l'Afrique à Alger (l'Union africaine en est le maître d'?uvre) gagnerait à prévoir une aile à ces grands du continent. Ce ne serait que justice pour le salut des générations africaines d'aujourd'hui et de demain.B. T.
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