Algérie

Impunité pour les barons de l'informel


Dans un pays dont l'économie est quasiment basée sur les hydrocarbures et les importations, l'informel a encore de beaux jours devant lui. Tant que les caisses de l'Etat sont pleines de pétrodollars, le gouvernement sortant ne s'est jamais senti contraint d'éradiquer l'économie souterraine. En témoigne sa spectaculaire reculade en reportant l'instauration de l'obligation du paiement par chèque pour toute transaction dépassant les 50 000 DA. S'attaquer à  l'informel relève du courage politique et un sens de responsabilité. Car, en plus de son corolaire la fraude fiscale, l'informel fausse la compétitivité des entreprises locales et charrie d'énormes dégâts sur l'économie réelle du pays. Cette perte sèche générée par l'économie souterraine creuse le déficit budgétaire. L'intégration de ce secteur permettra pourtant à  l'économie - qui est certes secondairement fiscale, l'essentiel des revenus de l'Etat étant tiré de la rente des exportations des hydrocarbures - d'entrer en possession des importantes taxes et impôts qui échappent à  l'Etat. Ce secteur informel, bien qu'il procure une importante part au Produit intérieur brut (PIB) du pays, engendre d'énormes pertes à  l'économie du point de vue de la fiscalité. Le futur gouvernement héritera une bonne bagatelle du budget expansionniste (228 milliards de dinars pour 2010-2014) qui est aussi susceptible de profiter injustement au secteur informel. Le gouvernement sortant a jusque-là prôné «l'intégration du secteur informel pour en faire un contributeur à  la croissance». Dans les discours, mais pas dans l'action. Sur le terrain, les résultats sont pour le moins mitigés. Il y a manifestement une volonté politique du gouvernement de ne pas s'attaquer frontalement à  l'informel, seule force économique susceptible de provoquer une forte agitation sociale comme c'est le cas récemment à  Tiaret, Alger et ailleurs. Les autres acteurs de l'informel constituent un amortisseur social et une soupape assise sur une poudrière. Presque la moitié des sans-emploi sont absorbés chaque année dans le secteur informel. Les gouvernements passés se sont d'ailleurs tous félicité d'avoir -selon eux-, «créé ces emplois» et les intègrent dans leurs statistiques, ces personnes étant considérées comme actives. Le gouvernement laisse faire cherchant avant tout à  acheter la paix sociale faute de solutions efficaces en matière de création d'emplois durables et dignement rémunérés. Tant qu'il y a l'argent du pétrole et du gaz, il y a de fortes chances que le futur gouvernement qui sera issu des prochaines législatives fera comme son prédécesseur : laisser faire pour gagner la paix sociale. Une paix même conjoncturelle !                            
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