Algérie

Improvisation culturelle



La chose culturelle bouge ces temps-ci, mais, il faut le dire, dans l'improvisation, voire un beau désordre. Des festivals, il y en a un peu partout et pour tous les goûts. Oui, c'est l'été des festivals, diront certains, Timgad, Sidi Bel Abbès, Djemila et bien d'autres encore à venir. Par ailleurs, il en est de même pour les foires du livre ; à ce propos, et pour cet été, une maison d'édition a pris la louable initiative de faire des réductions sur la vente de ses livres, un petit cadeau pour les boulimiques de lecture, qui sont généralement pauvres. Néanmoins, si les festivals pullulent, il n'en est pas autant pour les lieux où ils doivent se dérouler. L'on mesure après coup le déficit flagrant en infrastructures appropriées. Car la question de la protection des sites archéologiques reste toujours posée avec une acuité décapante. Déjà que la réhabilitation de ce patrimoine reste en deçà des espérances (aussi bien sur le plan du nombre de projets que sur celui de la qualité), vaut mieux « laisser en paix ce qui reste encore debout », comme dirait un archéologue désabusé.Pour le livre, les foires à caractère culturel et/ou promotionnel sont évidemment à encourager. Cependant, ce que l'on remarque aujourd'hui, surtout dans l'Algérie profonde, c'est qu'il n'y a pas de librairie, ou plutôt il y en a trop où l'on trouve de tout sauf' des livres, et encore moins ceux recherchés, ceux opportuns en cette saison, de littérature par exemple, surtout, bien entendu, ceux édités en Algérie. Un ou deux libraires par ville sauvent un peu la mise en proposant les dernières parutions, suivant cahin-caha le rythme des livraisons. Les autres librairies, censées être des espaces culturels, dont la plupart gérées par des salafistes, vendent des livres « religieux », des recettes de cuisine, du 'amber (ambre), du siouak' L'on comprend parfaitement Yasmina Khadra quand il salue le travail des libraires, du moins certains d'entre eux, car il faut un sacré courage et des efforts énormes pour être toujours à la page en matière de diffusion de ces vecteurs de culture par excellence.Et pour ceux qui avancent le prétexte d'une demande insuffisante, les ventes-dédicace peuvent leur en donner une idée. Alors, pas de lieu pour organiser des festivals, pas de librairie pour promouvoir le livre, pas de salle de cinéma' Comme quoi, improvisation pour improvisation, les pouvoirs publics continuent de faire dans la forme en occultant forcément l'essentiel, c'est-à-dire le fond !


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