Algérie

Improbable courage politique



Dans la tourmente qui est en train d'emporter les dernières résistances au changement politique et de gouvernance réclamé par le peuple dans toutes ses composantes sociales, les aveux de responsables politiques de partis de la majorité sont édifiants sur la manière dont a été jusque-là géré le pays. La pression populaire, le retour de lucidité chez beaucoup de cadres et militants de partis de la majorité, qui avaient tenté d'imposer la candidature du président Bouteflika pour une cinquième mandature consécutive, sont en train de faire tomber les masques et de rendre justice à l'opinion publique avec toute cette hérésie politique autour d'un démentiel 5ème mandat qui a outré les Algériens.Les déclarations du porte-parole du RND, au lendemain d'un «énième» appel à la mobilisation derrière le président lancé par le SG du parti, sonnent comme un terrible désaveu de toute la démarche qui a été mise en place pour proposer aux Algériens de voter pour un président malade autour duquel a été enfanté un système de gestion du pays «non constitutionnel», selon les propos de Seddik Chiheb. Et puis, il y a l'essentiel de ces révélations du porte-parole du RND selon lequel la candidature de Bouteflika pour un 5ème mandat de suite était «une erreur'' de casting, car, et il le reconnaît, «nous avions manqué de perspicacité» et de «courage». Malheureusement, ce n'est que lorsque le peuple est sorti dans la rue, lorsque toutes les corporations socioprofessionnelles ont dit «non» au 5ème mandat et pas de continuité non plus au 4ème mandat que des responsables de partis qui ont soutenu contre vents et marées une candidature menant le pays vers «l'aventure» sont en train de man?uvrer pour se racheter, laissant le navire couler.
Ce n'est pas une attitude politique courageuse, encore moins une posture de nature à calmer la situation, car le mal est fait et les Algériens tentent aujourd'hui de faire barrage à un plan de sortie que s'est ménagé le pouvoir en bafouant davantage la volonté populaire de s'éviter une inutile trop longue période de transition pour réinstaller démocratiquement les institutions de la 2ème République. Les propos du porte-parole du RND, qui a désavoué la démarche de son parti et ceux de la majorité, dont le FLN, ne sont par ailleurs qu'une partie de l'iceberg sur lequel fonçait l'Algérie et contre lequel avaient prévenu des experts et des personnalités de la société civile, il y a au moins une dizaine d'années, à la fin du second mandat, en réalité.
Car c'est à partir du 3ème mandat, à la fin des années 2010, quand le pétrole était au plus haut, que la gestion politique et économique du pays a commencé à sortir des rails et que les prémices d'une mainmise occulte sur le pays ont commencé à apparaître. La suite, ce sera le 4ème mandat et le refus du pouvoir d'ouvrir le jeu politique et, plus que tout, bloquer toutes les issues pour une alternance au pouvoir. Les aveux de l'un des cadres du RND, s'ils ne contribuent en aucune manière à ouvrir la voie à un rapide règlement de la crise, révèlent autrement qu'au sein des partis de la majorité le courage politique est une denrée rare.


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