Algérie

Importation de blé: L'Algérie fait marche arrière



Le dossier du blé a refait surface, jeudi dernier, en marge du Conseil de la nation, à travers la déclaration à la presse du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui a reconnu l'existence « de perturbations dans l'approvisionnement en semoule » dans certaines régions du pays. Ce constat est cependant atténué par ses déclarations quant à la capacité de l'Office interprofessionnel des céréales à satisfaire les demandes antérieures des minoteries.

 «Le stock de blé de l'OAIC et les quantités disponibles au niveau des ports sont suffisants », dira-t-il. Le ministre du Commerce pointera du doigt, pour toute explication à cette situation, une hausse de la consommation et au fait que des quantités supplémentaires sont consacrées à l'industrie des pâtes. M. Benbada s'en prendra également aux contrebandiers qui «exportent» la semoule vers la Tunisie et la Libye, responsables de la hausse du prix de la semoule, notamment dans les régions centre et est du pays. Les transformateurs de blé devront assurer l'approvisionnement direct des marchands de détail, « ne serait-ce que pour quelques semaines », a indiqué le ministre, en accusant pourtant certains de ces derniers de commercialiser leur approvisionnement, notamment à l'est du pays, aux fins de la contrebande.

 Par ailleurs et dans le même sillage, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a indiqué que la taxe sur le blé dur importé a été suspendue en raison de la hausse des prix sur le marché international. Ne s'étendant pas davantage sur la question, le ministre a précisé que « la taxe a été suspendue et non supprimée ». Une précision de taille, lorsqu'on connaît toute la sensibilité du dossier qui a été, à plusieurs reprises, étudié en haut lieu.

 Cette « marche en arrière », après que les pouvoirs publics eurent décidé de prendre des mesures dissuasives pour empêcher l'importation de blé dur, en instaurant des taxes de 200 dollars pour chaque tonne de blé importée par des privés, sonne comme un désaveu des décisions prises après l'instauration d'une taxe rétroactive et dissuasive pour empêcher les importateurs privés algériens d'avoir recours à des marchandises étrangères et favoriser ainsi l'écoulement des importants stocks accumulés en 2009 et en 2010 par l'OAIC. Cette mesure, entrée en application en octobre dernier, ne touche pas l'Office interprofessionnel des céréales, qui est exempté de cet impôt.

 L'Algérie avait réalisé en 2009 et en 2010 des « récoltes record » en céréales, notamment en blé dur, et le gouvernement avait donc décidé de limiter, voire d'interdire l'importation de cette variété de blé afin d'encourager les céréaliers nationaux qui se sont vus accorder par l'Etat un soutien financier important pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations massives. En mars 2010, le ministre du Commerce d'alors, El-Hachemi Djaâboub, avait appelé les professionnels de la filière de céréaliculture de cesser l'importation de blé dur en raison de la bonne production de cette catégorie de blé enregistrée en 2009 en Algérie.

 « Je fais appel aux importateurs de blé dur d'arrêter d'importer ce produit et aux transformateurs de s'approvisionner auprès de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (qui en dispose suffisamment) de la production nationale (en blé dur) », avait-t-il lancé en marge des travaux d'une rencontre sur le statut d'opérateur économique.

 A propos de cette suppression de la taxe, le ministre n'a toutefois pas précisé sa durée. L'Algérie a enregistré une production de 61,2 millions de quintaux en 2008/2009, dont 24 millions en blé dur, qualifiée de très importante. A propos des raisons qui ont poussé l'Algérie à importer l'orge, après plus de deux ans d'excédent, le ministre, tout en soulignant que depuis le début de l'année, les pouvoirs publics avaient constamment injecté des quantités d'orge pour rassurer les éleveurs, inquiets des conséquences de la sécheresse sur le couvert végétal dans les zones agropastorales, a indiqué qu'il « est tout à fait normal qu'on importe ce dont on aura besoin. Aujourd'hui, la situation est favorable pour reconstituer nos stocks », affirmera-t-il.

 Concernant les prévisions de production pour la campagne 2010-2011, M. Benaïssa a réaffirmé que la collecte sera «très bonne» en blé dur, «bonne» en blé tendre et «très modeste en orge». Rappelons que l'Algérie importe en moyenne 1,5 million de tonnes de blé par an et est le 5e importateur mondial de céréales.




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