«Importateurs» de conflits

Le Président français a raison de s'inquiéter des faibles résultats du commerce extérieur de son pays. Il avait promis «le changement maintenant», mais «c'est pas de chance» pour lui. Il s'était aussi engagé, avec une certitude qui frisait la frivolité, à inverser la courbe du chômage à fin 2013. On sait ce qu'il est advenu de cette promesse comme des autres. Mais François Hollande continue de s'inquiéter. C'est normal, un chef d'Etat digne de ce nom doit toujours se faire du mouron. Même quand il est écrasé par le poids de ses augustes charges, il doit montrer à ses concitoyens qu'il se fait en permanence du souci.Le dernier (souci) en date du Président de la cinquième puissance mondiale lui vient de certains «importateurs», des négociants d'un type nouveau, peut-être même des négociants de troisième type, comme «ET» l'extraterrestre. La balance commerciale de la France ne vient de subir aucun brusque et grave déséquilibre. Celle de la diplomatie de son pays, si. Son déséquilibre est tel qu'un des plateaux de la balance a carrément cassé le fléau. Les «importateurs de conflits extérieurs», cause du mouron du François franchouillard, n'importent et ne vendent rien. Si ça se trouve, ils contribuent, ne serait-ce qu'indirectement, à la promotion du commerce extérieur de la France.Ces négociants d'un type nouveau et qui, selon le chef de l'Etat français, pratiquent le commerce illégal de l'importation des conflits pourraient être des Français comme les autres -et pas seulement sur papiers-, si, pour la majorité d'entre eux, ils n'étaient pas d'origine étrangère, principalement maghrébine. Nés en France et donc supposés Français à part entière en vertu du droit du sol que leur a conféré la nationalité française, ils se voient rappeler qu'ils sont fils et filles d'étrangers dès qu'ils s'avisent de jouir de leur citoyenneté de manière un peu trop voyante. Communautarisme, antisémitisme, racisme, les accusations montent d'un cran quand ces Français, qui ne sont bons citoyens que l'échine courbée et silencieux, dénoncent les massacres d'Israël à Ghaza.Et là, parlant d'une même voix, surtout quand c'est devant les représentants de la communauté juive, le Président, son Premier ministre et son ministre de l'Intérieur montent au créneau à tour de rôle pour désigner à la vindicte de... l'«opinion médiatique» ces impudents qui osent s'inscrire en faux contre un axe majeur de la diplomatie française : Israël, toujours Israël, rien qu'Israël, qu'il ait tort ou raison. Les dérapages, parfois provoqués, qui ont émaillé les dernières manifestations de solidarité avec Ghaza meurtrie en disent long sur un autre dérapage, autrement plus grave, celui d'une orientation méconnaissable prise par la politique extérieure française, commencée sous Sarkozy et poursuivie avec plus de constance et de cynisme sous le quinquennat de Hollande. Si un jour - ce qui n'est pas à exclure-, la France est de nouveau la cible d'attentats terroristes, les Français doivent le savoir dès maintenant, la cause en sera l'inconditionnalité officielle de leur pays vis-à-vis d'Israël. Au fait, cet autre «souci» de François Hollande, Manuel Valls, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve à propos de ces centaines de jeunes Français qui vont rejoindre les islamistes les plus sanguinaires qui soient en Syrie et en Irak, savent-ils au moins d'où il leur vient ' De leur soutien aux terroristes islamistes en Syrie et leur diabolisation excessive de Bachar al-Assad. Quel mal commettent donc ces jeunes Français en allant combattre contre celui que les voix les plus autorisées de leur pays leur désignent comme l'incarnation du diable sur terre.À jouer avec le feu...A. S.