Le débat sur les libertés académiques tend bien souvent à se limiter à
la liberté qu'il y a de garantir pour les chercheurs et les enseignants du
monde universitaire d'exprimer leurs analyses et leurs points de vue
politiques, quand bien même ils ne seraient pas conformes, voire en
contradiction avec ceux émanant des détenteurs du pouvoir
d'administration et de gestion étatique. Vue sous cet angle, la question
des libertés académiques se ramène à celle plus générale de
l'exercice de la démocratie politique, cette fois appréhendée dans le
champ spécifique du monde académique.
Une telle lecture de la pratique démocratique, aussi déterminante
qu'elle puisse être pour le futur de la recherche et du progrès de la
science en Afrique, ne peut être déconnectée d'une seconde. Moins
apparente et beaucoup moins envisagée, celleci
concerne les
conditions de la production de la connaissance, l'organisation du
système de production et de diffusion du savoir, ses mécanismes, ses
coûts, etc. Leur caractère contraignant a en effet des conséquences
désastreuses, tant en termes de production d'un savoir endogène que
pour ce qui est de la prise en charge des problèmes auxquels se
trouvent confrontées nos communautés universitaires et d'une façon
plus générale nos sociétés. La liberté académique n'aura qu'un sens
fort restrictif si elle n'exprime pas la liberté de produire un savoir
différent de ce qui est dominant et qui émane le plus souvent de centres
extérieurs et exogènes à nos réalités socio-historiques
respectives.
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Posté Le : 01/08/2022
Posté par : einstein
Ecrit par : - Bourenane Nacer - Elkenz Ali - Liabes Djillali
Source : Les cahiers du CREAD Volume 7, Numéro 29, Pages 89-107 1992-03-19