Algérie

Impératif de préserver la biodiversité agricole face à la mondialisation et aux changements climatiques



Des experts ont souligné, mardi à Alger, l'impératif de préserver la biodiversité agricole, végétale et animale, menacée par les changements climatiques et l'effet de la mondialisation qui a entraîné le changement des habitudes alimentaires.Lors d'une rencontre nationale sur l'importance de la biodiversité agricole locale dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, organisée par le ministère de l'Agriculture et du développement rural en partenariat avec l'Organisation des Nations unis pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les intervenants ont mis en avant le rôle de l'agriculture locale dans l'amélioration des moyens de subsistance de façon durable.
A ce propos, ils ont insisté particulièrement sur les agriculteurs familiaux qui "ont prouvé depuis toujours leur capacité à développer de nouvelles stratégies innovantes pour faire face à la malnutrition et les aléas climatiques".
"Grâce à leur connaissances ancestrales héritées de leur aïeux, ces agriculteurs ont les capacités requises pour produire des aliments nutritifs adaptés à la culture et aux traditions locales", ont-ils souligné.
Dans ce contexte, la directrice de l'Agriculture biologique, de la labellisation et de la promotion des productions agricoles, Malika Hamana, a affirmé le rôle important de l'agro-biodiversité en Algérie qui a toujours été "capitale" pour la survie et le développement de la population.
"Une excellente adaptation des nombreuses races et variétés locales aux conditions climatiques difficiles a permis aux populations et communautés locales de développer une agriculture intégrant l'élevage et un savoir-faire basé sur la connaissance du milieu et des spécificités du matériel biologique, animal et végétal ", a expliqué Mme Hamana.
Evoquant la stratégie et les actions en cours pour préserver cette biodiversité en Algérie, la même intervenante a affirmé que cette stratégie intersectorielle s'appuie "justement" sur les agriculteurs locaux et les femmes rurales qui représentent "les gardiens" du patrimoine national et culturel.
"Ce sont des acteurs clé dans l'innovation et la préservation de la biodiversité agricole et des ressources génétiques car ils sont porteurs de connaissances et d'expériences inestimables prouvées par la science", a-t-elle soutenu.
Outre son rôle primordial dans la préservation de la sécurité alimentaire du pays, Mme Hamana a également insisté sur l'aspect économique de cette biodiversité qui représente, à ses yeux, une source potentiel de produits à forte valeur ajoutée et une source de diversification des revenus des populations rurales autour desquels peuvent être créés des systèmes de développement locaux.
Mme Hamana a également souligné le rôle de la biodiversité agricole dans le développement du tourisme écologique et du tourisme de montagne notamment à travers la promotion des plats traditionnels spécifiques à chaque région et les viandes bovine et ovine locales.
Toujours dans le cadre de la préservation du patrimoine national animal et végétal, cette responsable a évoqué les différents programmes entrepris par son secteur notamment le programme d'implantation d'un million d'olivier pour augmenter la gamme végétale ainsi que la création des filières spécifiques au variétés et races locales (oléiculture, rustique, phoeniciculture, caroubier arganier, élevage bovin et ovin).
Elle a également mentionné le travail avec les différents centres de recherche pour la création d'une banque de gène. Selon ses propos, la finalité de l'agriculture diversifiée c'est d'augmenter le rendement pour faire face à la croissance de la demande en biens alimentaires tout en préservant les produits de terroirs par les signes de qualité (label et indication géographique).
En clair, cette approche permet d'assurer la sécurité alimentaire et d'améliorer les rendements en quantités et en qualité dans les zones potentiels et préserver en parallèle les connaissances et les ressources locales de qualité (semences et races locales) et l'agriculture d'origine, a-t-elle résumé.
De son côté, l'expert Rachid El Bouyahiaoui, de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (INRAA), a mis en exergue l'effort consentis par les centres de recherche pour préserver les races animales locales.
A titre d'exemple, il a cité la race Tazegzawt (race bleu), une race ovine spécifique à la Kabylie.
"Cette race méconnue même dans son berceau natal n'était même pas répertoriée dans la nomenclature des races ovines algériennes", a-t-il relevé ajoutant que les chercheurs de l'INRAA sont parvenus à la sauver après l'avoir caractérisée sur le plan génétique et morphologique en identifiant ses performances.
"Nous avons créé six unités d'élevage pour sauvegarder cette race rustique adaptée au zones montagneuse", a fait savoir M. El Bouyahiaoui expliquant que l'élevage sera destiné à la production ovine vue la vitesse de prolifération de cet animal et ses propriétés nutritionnelles.
Pour sa part, la représentante de la FAO en Algérie, Irina Buttoud, a souligné la relation de partenariat de l'organisation onusienne avec les autorités locales basée sur la promotion d'une agriculture durable.
"Notre rôle c'est d'encourager l'innovation et la recherche pour produire plus et mieux en se basant sur les ressources locales", a-t-elle déclaré ajoutant qu'il s'agit également de perpétuer l'espace de bonnes pratiques et le savoir-faire local.


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