Algérie

Impasse ou amorce d'une solution '


Avec l'annulation de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain et son corollaire, la prolongation du mandat du chef de l'Etat intérimaire, l'interrogation est de mise quant à l'issue de la crise politique aiguë que traverse le pays.M. Kebci - Alger (Le Soir) - S'agit-il d'une nouvelle impasse ou de l'amorce ou l'esquisse d'une solution ' Toute l'interrogation est là, sauf qu'à décortiquer les réactions de la classe politique, des divers acteurs de la société civile et autres personnalités, la balance penche plus vers la première hypothèse si bien que l'annulation, par ailleurs, attendue du prochain scrutin présidentiel auquel seuls ses promoteurs ont cru tant il a fait l'unanimité contre lui comme ce fut le cas pour celui du 18 avril dernier, est presque passée inaperçue. Ajoutez à cela, comme le qualifie plus d'un observateur, la «vente concomitante» qui a accompagné cette annulation, soit la prolongation du mandat du chef de l'Etat intérimaire.
Une démarche «anticonstitutionnelle» pour plus d'un acteur politique, personnalités et entités de la société civile, impliqués dans le mouvement populaire en cours dans le pays depuis le 22 février écoulé. Car, pour les porteurs de cette révolution tranquille, c'est-à-dire les millions d'Algériens et d'Algériennes qui, chaque vendredi depuis le 22 février, battent le pavé à travers l'ensemble du pays, pour réclamer un changement radical du système de gouvernance, il n'est pas question de céder le pas devant ce qui est assimilé à une «énième man?uvre» du régime en place, ou ce qui en reste, qui tient, selon nombre d'observateurs, à un changement dans le système et pas en dehors du système comme réclamé par la rue.
Pour ces millions de manifestants, le régime en place joue sur l'usure et le temps, comptant sur un éventuel essoufflement de la dynamique citoyenne à l'effet de faire passer sa propre feuille de route sans trop d'encombres. Sauf que cette stratégie semble donner l'exact contraire de l'effet escompté puisque servant plus de carburant à ce mouvement qu'un frein puisque même durant le Ramadhan qui vient de prendre fin, les Algériens ont continué à sortir par millions, bravant le jeûne et la chaleur et déjouant tous les «pronostics».
C'est dans cette optique que ce prochain vendredi, celui de demain, le seizième de rang, constituera à n'en point douter un autre baromètre quant à la santé du mouvement populaire. Il s'agira de savoir les réponses des Algériens à cette nouvelle donne, la prolongation du mandat de celui dont on réclame le départ pour incarner, à leurs yeux, un symbole du régime bouteflikien, aux côtés du Premier ministre et du président de l'Assemblée populaire nationale. Un chef d'Etat intérimaire qui se voit ainsi prolonger son bail indéfiniment et auquel la rue récuse le parrainage du dialogue auquel le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale vient d'appeler et celui de la prochaine élection présidentielle que la rue perçoit comme un mécanisme parmi tant d'autres entre autres mécanismes d'une transition devenue inévitable. Ce que le régime en place refuse, remettant, ainsi, les compteurs à zéro et relançant de plus belle le bras de fer avec la rue.
M. K.