Algérie

Impasse



Impasse
Les opposants au quatrième mandat de Bouteflika ont misé sur les facteurs du temps et de la raison pour sortir de l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis le coup de force d'avril dernier et imposer un nouveau bail de Bouteflika à la tête de l'Etat. Après avoir mesuré toute la difficulté objective qu'il y avait à renverser le rapport de forces face à la machine infernale mise en branle pour perpétuer le système, les forces qui appellent au changement démocratique ont parié sur le fait que le régime, qui est cliniquement moribond, allait mourir de sa «belle mort» dans les premiers mois qui suivraient la réélection de Bouteflika.Il n'en fut rien. L'état de santé du Président, autour duquel l'opposition avait structuré le débat électoral de la présidentielle ? plus que sur le bilan de sa gouvernance ? a été et demeure un argument de choix de l'opposition pour légitimer sa démarche politique en faveur de l'alternance démocratique.L'idée étant que la question de la vacance du pouvoir, qui était déjà, depuis l'AVC de Bouteflika, une réalité criante que seuls se refusaient à admettre les esprits complaisants ou complices, allait trouver sa solution naturelle dans l'incapacité physique du chef de l'Etat à assumer pleinement ses prérogatives constitutionnelles.Pour contrer les assauts de l'opposition, l'entourage du Président tente de jouer concomitamment sur deux registres. D'abord sur la légalité constitutionnelle, renvoyant les détracteurs de Bouteflika, accusés de putschistes, à la volonté populaire. Et ensuite sur l'horloge du temps en priant pour que la santé du Président s'améliore rapidement afin qu'il puisse reprendre ses activités à plein temps.Le premier obstacle a été plus ou moins franchi par le clan Bouteflika après l'élection présidentielle. Même l'opposition n'en fait plus son cheval de bataille ; la dernière salve ayant été tirée par Ali Benflis, lors de la présentation de son «livre blanc sur la fraude électorale». En revanche, la plus grosse préoccupation du pouvoir reste la santé précaire de Bouteflika. Non seulement son état ne s'améliore pas aussi rapidement que souhaité, mais pis, sa santé semble se détériorer au fil des jours et des semaines, comme on l'a vu encore ces dernières heures avec son transfert dans le plus grand secret en France.Les conseillers politiques de Bouteflika ont cru bien faire en lui imposant un exercice protocolaire pénible d'audiences soutenues pour prouver à ses adversaires que le Président est toujours à son poste de pilotage. Le résultat est que l'emballement de l'agenda protocolaire et médiatique de ces derniers jours a plus desservi que servi l'image du Président.Son état de santé, qui est un secret bien gardé pour le peuple algérien ? lequel n'a droit qu'à quelques images furtives, sélectives, à la télévision publique ? n'en est plus un pour les visiteurs étrangers. Pour l'avoir approché, ses hôtes ont certainement pu se faire une idée précise de son état de santé réel.Si tant est que pour un dossier médical suivi à l'étranger, la notion de secret médical puisse avoir un sens. Les langues commencent déjà à se délier. Dans ce climat lourd d'inquiétude, l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, est venu en rajouter une couche à l'imbroglio politico-juridique dans lequel est empêtré le pays, soulignant l'inapplicabilité de l'article 88 de la Constitution sur la destitution du président de la République.




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