Depuis 2008, la crise préoccupe tout le monde. Elle a été maintes fois disséquée, analysée, expliquée sous ses différentes facettes ainsi que ses implications, qu'elles soient économiques sociales ou politiques.
Cependant, l'éclatement de la bulle des subprimes, il y a trois ans, a révélé au grand jour les soubassements d'une autre crise moins ressentie peut-être dans le quotidien des mortels, mais qui risque de changer à jamais leurs petites habitudes : c'est la crise de la presse écrite. Moins médiatisée, certes, cette crise menace en fait une institution : le journal quotidien. Celui qu'on aime trimballer sous le bras en attendant de prendre place dans le bus ou le train, ou encore qu'on parcourt sur un banc ou une terrasse en sirotant son café le matin. Ce n'est pas aujourd'hui, ni pour demain, mais les tendances lourdes qui se dégagent actuellement évoquent une crise structurelle de la presse écrite et n'écartent pas une disparition de celle-ci d'ici à un demi-siècle.
Les arguments liés à la baisse des revenus publicitaires induite par la crise financière pour justifier certaines difficultés auxquelles font face les journaux de la planète trouvent, certes, place, mais n'expliquent pas tout. Pour l'exemple, le quotidien français le Monde connaît des déséquilibres depuis les années 1990, même si la crise n'a éclaté effectivement qu'en 2007. Une crise qui se soldera par la reprise du journal en 2010 par un trio d'hommes d'affaires français Bergé, Pigasse et Niel. Le fait est que le journalisme a de tout temps été perçu, notamment dans les pays à forte influence latine, exclusivement comme un service public. D'où la relégation d'une certaine recherche du bénéfice au second plan. Une perception qui a empêché la création de modèles économiques basés en priorité sur la rentabilité.
Ces modèles économiques ont exposé les entreprises de presse aux changements profonds qui ont marqué les médias ces vingt dernières années. L'apparition de la Toile, le développement effréné des médias de masse, la création des réseaux sociaux, du blogging et du mini-blogging ont mis l'info à disposition du consommateur à bout de clic et même à bout de touche de téléphone aujourd'hui grâce à la convergence mobile. Ce qui a induit une importante baisse de la vente des journaux. Les journaux qui ont dans un premier temps développé leurs sites internet pour être un support électronique de leur publication, se trouvent aujourd'hui confrontés non seulement à la concurrence de médias électroniques qui vont en se multipliant mais à celle de leurs propres sites. Chose qui a poussé des publications à l'image de Libération à faire de leurs sites des supports promotionnels pour leurs éditions papier.
Cela demeure pourtant insuffisant, d'autant que plusieurs journaux ont dû opter bon gré mal gré pour la collusion avec le capital. Le cas le plus édifiant est sans doute celui du quotidien français Libération. Connu pour son positionnement politique, le journal, qui a toujours eu le c'ur à gauche, a dû ouvrir la poche à droite, le jour où on a accepté l'entrée d'un Rothschild dans le capital. De son côté, France Soir a obtenu une modification de la loi afin de pouvoir être racheté par un milliardaire russe, Alexander Pugachev. Toujours empêtré dans les problèmes financiers, le quotidien, créé en 1944, pourrait abandonner la version papier pour se consacrer à la version électronique. Outre-Atlantique, la crise a également fait des ravages.
13 000 postes de journalistes ont été supprimés aux Etats-Unis en 2008. Le groupe Tribune qui publie Chicago Tribune et le Los Angeles Times est passé à plusieurs reprises près du dépôt de bilan. La plus prestigieuse des publications, le New York Times, n'a pas échappé à cette nouvelle réalité. Handicapé par une dette de 1,1 milliard de dollars, le groupe a ouvert son capital au milliardaire mexicain Carlos Slim, propriétaire du groupe de télécommunication Telmex.
La crise, on l'a bien vu, est mondiale. En Algérie, on ne ressent pas pour l'heure l'évolution de cette tendance, même si les signes avant-coureurs commencent à transparaître. Le fait est que l'accessibilité à l'outil internet reste encore limitée. Toutefois, l'annonce prochaine de l'exploitation de réseaux de téléphonie mobile de 3e génération pourrait bouleverser notre rapport aux médias.
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Posté Le : 23/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Melissa Roumadi
Source : www.elwatan.com