Algérie

Impact de la crise mondiale : Effondrement des cours du pétrole


PAR : Dr Abderrahmane Mebtoul

L'épidémie du coronavirus a entraîné une crise économique irréversible pour 2020, dont les répercussions risquent de durer avec des ondes de choc pour 2021, si la maladie est circonscrite avant septembre/octobre 2020, la majorité des experts prévoyant une seconde vague, au cas ou le confinement ne serait pas respecté. C'est que la crise actuelle de 2020 a montré toute la vulnérabilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles, surtout des pays reposant sur une ressource éphémère dont le prix dépend de facteurs exogènes échappant aux décisions internes.

Comparable à une guerre avec un ennemi sans visage, l'épidémie du coronavirus a un impact sur l'économie mondiale qui connaitra en 2020, trois chocs, un choc de l'offre avec la récession de l'économie mondiale, un choc de la demande du fait de la psychose des ménages, et un choc de liquidité. Cette crise, aura à l'avenir un impact la transition énergétique et sur les relations internationales.
Le 20 avril 2020 le baril américain West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mai, dont c'est le dernier jour de cotation, dégringolait d'environ 38 % à 11,04 dollars vers 11 h 55 GMT et à 20h30 fin sous zéro dollars, ( moins 37,63 dollars) et le 21 avril 2020 19h52 GMT 19,78 dollars le Brent et moins 13,62 dollars le Wit, son plus bas niveau depuis 1986 avec un écart historique avec le Wit, rendant non rentables les gisements moyens et marginaux qui sont les plus nombreux de pétrole/gaz schistes américains.
Comme il faut s'attendre cet écart ,si le Wit est en dessous de 10 dollars, les acheteurs se détournent du Brent qui risque à son tour une baisse. Selon les experts, les contrats pour livraison en mai 2020 expirant le 20/04/2020, les détenteurs doivent trouver des acheteurs physiques mais les stocks qui ont cout , énormément gonflé tant aux USA, Chine, Inde, il y a eu bradage sur les prix. Concernant la réunion OPEP/non OPEP, après la décision de réduire de 10 millions de barils/j, le marché n'a pas réagi pour l'instant favorablement, , donc le marché insensible, crise la production avant la crise approchant 100 millions de barils/j.
Car la réduction décidée .qui débutera du 1er mai, jusqu'au 30 juin pour 9,7 millions de barils/jour , (la second tranche de 8 millions de barils/j du mois de juillet jusqu'à fin décembre, et une troisième, d'un volume de 6 millions de baril/jour courant du 1er janvier 2021 au 1er avril de 2022).où l'Algérie verra une réduction de 240.000 barils/jour pour la première tranche, de 193.000 barils/jour pour la seconde tranche et une réduction de 145.000 barils/jour pour la dernière tranche repose sur l'hypothèse que la demande mondiale a baissé seulement de 10/11%, alors que l'épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale, de 33%, environ 30 millions de barils par jour (bpj), certains experts l'estimant à plus de 40 millions de barils/j, les gros consommateurs d'hydrocarbures dont le transport étant en hibernation. L'évolution du cours du pétrole dépendra de la durée de l'épidémie et du retour à la croissance de l'économie mondiale, avant la crise seulement pour la Chine, ses importations étaient de 11 millions de barils/j.. Cependant il ne faut pas analyser cet impact sur le court terme en termes financiers mais pose une problématique de la nécessaire transition énergétique mondiale. Face à cette crise, les grands laboratoires de prospectives mondiaux, anticipent une catastrophe pire que le coronavirus avec des millions de morts notamment le réchauffement climatique avec d'importants flux migratoires dus au réchauffement climatique (sécheresse, inondation, vents violents, cyclones) avec des recompositions territoriales. Ils prévoient un changement notable du modèle énergétique mondial, les investissements s'orientant vers d'énergies renouvelables. Interpellant l'Algérie pour une autre transition politique, économique, sociale et culturelle.
C'est dans ce cadre qu'est intéressante els analyses de Jacques Attali sur les industries d'avenir qu'il nomme les industries de la vie, je le cite " pour qu'une telle société puisse fonctionner, il faut évidemment d'abord qu'elle puisse protéger aussi parfaitement que possible ceux dont le travail est vital pour son fonctionnement et ne peut être fait à distance. Et qu'elle produise de plus en plus de richesses et d'emplois dans ces secteurs de protection, de prévention, pour le présent et l'avenir ; des secteurs qui, de près ou de loin, se donnent pour mission la défense de la vie : la santé, l'alimentation, l'écologie, l'hygiène, l'éducation, la recherche, l'innovation, la sécurité, le commerce, l'information, la culture ; et bien d'autres. On réalise alors que ces secteurs exposés, qui assurent les conditions du fonctionnement vital de nos sociétés, sont en plein bouleversement. Jusque très récemment, ils étaient fait principalement de services, et donc ne portaient pas de potentialité de croissance, qui ne vient qu'avec l'augmentation de la productivité découlant de l'industrialisation d'un service. La nouveauté, la bonne nouvelle, c'est qu'ils sont faits, depuis peu, non seulement de services, mais aussi d'industries, capables d'augmenter leur productivité, et donc d'améliorer sans cesse leur capacité à remplir leur mission. C'est donc en mettant tous les efforts sur les travailleurs et les industries de la vie qu'on sauvera les nations, les civilisations, et l'économie ".
Les impacts pour l'économie algérienne dont 98% des entrées en devises avec les dérivées proviennent des hydrocarbures sont considérables sur le plan économique et social d'autant plus que le cours dépendant fondamentalement du retour à la croissance de l'économie mondiale fonction, de la maîtrise de l'épidémie. Le rapport du FMI du 14 avril 2020 montre que l'année 2020 sera une année de récession avec une légère reprise en 2021 ,si l'épidémie est circonscrite en septembre 2020. Ainsi, en précisant que le taux de croissance se calcule toujours par rapport à la période antérieure T1 - To. Ainsi dans le cadre d'un scénario favorable, en précisant qu'une croissance faible en 2020, To, donne globalement une croissance relativement faible en 2021 -T1, l'économie mondiale aura moins 3,0% de taux de croissance en 2020 et 5,0% en 2021 et en moyenne, les pays avancés moins 6,1% en 2020 et 4,5% en 2021. Pour le FMI et les organises internationaux, si la pandémie ne se résorbe au cours du second semestre de l'année 2020 par un prolongement des mesures d'endiguement, nous assisterions à une détérioration des conditions financières et de nouvelles ruptures des chaînes d'approvisionnement mondiales et dans ce cas, le PIB mondial chuterait encore davantage : de 3 % supplémentaires en 2020 par rapport au scénario de référence si la pandémie se prolonge en 2020, et de 8 % supplémentaires en 2021 si la pandémie se prolonge jusqu'en 2021. Pour l'Algérie , le FMI dans son rapport du 14 avril 2020, le produit intérieur brut réel (PIB) de l'Algérie devrait se contracter de 5,2% durant l'année 2020 et suite à cette baisse PIB réel devrait se redresser en 2021 de 6,2%, taux calculé en référence à l'années 2020 ( taux de croissance négatif) donnant globalement, à taux constant, un taux de croissance entre 1 et 2% termes réel , le FMI estimant la croissance économique à 0,7% en 2019., ce taux étant inférieur au taux de pression démographique. Cela renvoie toujours à la rente des hydrocarbures qui détermine à la fois le taux d'emploi et les réserves de change estimées fin mars 2020 à environ 58/60 milliards de dollars donnant un répit de 18 mois. En plus de la baisse de son quota entre 145.000 /240.000 barils jour avec un manque à gagner en moyenne annuelle entre 3/ 4 milliards de dollars pour 2020, dans ce cas de récession économique, les prévisions de recettes de Sonatrach de 35 milliards de dollars pour 2020 ainsi que d'un montant des réserves de change de 51,6 milliards de dollars fin 2020 ne seront pas atteint qui a vu le cours de pétrole et du gaz s'effondrer de plus de 50%. Les recettes devant être au moins divisé par deux par rapport à 2019 dont les recettes ont été de 34 milliards de dollars , montant auquel il faudra soustraire les coûts d'exploitation et la réduction du quota décidée en avril 2020 l'Algérie, représentant moins de 1 millions barils/j en n'oubliant pas que 33% des recettes de Sonatrach proviennent du gaz dont le cours sur le marché libre le 21/04/2020 fluctue depuis trois mois entre 1,5-1,9 dollars le MBU, une baisse de plus de 50% par rapport à 2008.
A 66 dollars en moyenne annuelle pour 2019, les recettes de Sonatrach ont été en moyenne de 34 milliards de dollars. Sous réserve d'une production hydrocarbures en volume physique identique à celle de 2019, ce qui n'est pas évident puisque le principal marché est l'Europe en crise, nous aurons les résultats suivants pour les recettes de Sonatrach entre 60 et 20 dollars le baril. A 60 dollars le baril de pétrole, pour 2020 les recettes de Sonatrach seront en moyenne d'environ 31 milliards de dollars, auquel il faudrait retirer une moyenne annuelle de la baisse du quota ( entre le haut er et bas des trois phases) retenant 3 milliards de dollars soit 28 milliards de dollars. A 50 dollars le baril, pour 2020 , le chiffre, d''affaires serait d'environ 25 milliards de dollars, restant après la réduction de la production 22 milliards de dollars A 40 dollars le chiffre d'affaire, serait de 20 milliards de dollars, restant après la réduction 17 milliards. A 30 dollars le chiffre d'affaire, serait de 15 milliards de dollars, restant après l réduction 12 milliards 70% des gisements ne seront plus rentables. A 25 dollars le chiffre d'affaire, de Sonatrach serait de près de 13 milliards de dollars, restant après la réduction 10 milliards et 80% des puits n'étant plus rentables. A 20 dollars le chiffre d'affaire serait de 10 milliards de dollars de recettes, restant après les réductions 7 milliards de dollars.
Pour tous ces scénarios il faudrait soustraire 20/ 25% de charges pour le profit net de Sonatrach plus le profit des associés devant pratiquement fermer la majorité des puits, idem pour 1,5-2 dollars le MBTU, pour les canalisation de gaz naturel et à ¾ dollars pour le GNL.
Dans ce cadre je formule onze ( 11) propositions pour atténuer la baisse des réserves de change et atténuer le déficit budgétaire. devant différencier la partie devises de la partie dinars, quelles solutions à la fois possibles et difficiles à atteindre pour combler le déficit de financement en soulignant que dans la pratique des affaires tant interne qu'international n'existent pas de fraternité ou des sentiments mais que des intérêt.
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