Algérie

Immolations contre la «hogra» Edito : les autres articles


Immolations contre la «hogra» Edito : les autres articles
Une année après le drame de Boukhadra, une commune de la région de Tébessa, au cours duquel un jeune de 27 ans s'est immolé, lors d'une manifestation de citoyens ; jeudi dernier, Gacem Hicham, âgé de 22 ans, empêché par la police d'installer son étal comme à son habitude dans un marché de Tiaret, a tenté de mettre fin à ses jours par le feu. Imitant, par ce geste désespéré, l'exemple du Tunisien Mohamed Bouazizi, qui, depuis, a malheureusement fait tache d'huile à travers le Monde arabe ; le jeune Tiarti, qui n'a pas supporté les exactions de l'agent en uniforme, n'a dû son salut qu'à l'intervention des citoyens qui l'ont conduit à l'hôpital. Il n'en fallait pas plus pour provoquer le mécontentement de milliers de jeunes qui tourna très vite à l'émeute au centre-ville, non loin de la résidence du wali. Devant l'ampleur du phénomène de l'immolation, en 2011, il y a de quoi être inquiet ; on a par exemple enregistré au niveau du CHU d'Oran, jusqu'en novembre 2011, pas moins de 45 tentatives d'immolation par le feu qui se sont soldées par 43 décès.
Encore une fois et au risque de se répéter, il faut voir en ce geste l'ultime acte de désespoir de jeunes et de moins jeunes «laissés-pour-compte». Victimes d'abord de l'arrogance et du mépris ' hogra ' des responsables qui osent parfois comme réponse aux doléances de ces désespérés rien moins que de leur suggérer avec cynisme de suivre l'exemple de Bouazizi, à l'instar de ce président de l'APC de Boukhadra, ou alors le plus souvent se hâter de requérir la police pour faire évacuer les places publiques de leurs manifestants par la force.
Les jeunes, qui représentent la majeure partie de ceux qui tentent d'attirer l'attention sur le sort insupportable allant jusqu'à l'immolation de leur personne, dépassant l'acte du simple suicide accompli dans l'anonymat et dans la solitude à l'abri du regard des autres, font plus en marquant non seulement leur refus de situation difficile et expriment aussi une forme ultime de protestation. La désespérance de ces «mahgourine», de ces laissés-pour-compte est à la fois la résultante de cette double fracture sociale. L'une entre les nantis, ceux qui ont tout ou presque et ceux, marginalisés, exclus de la «répartition de la rente», sur laquelle vient se greffer celle plus générale entre les gouvernants et les citoyens.
La seconde, plus générationnelle, oppose toujours les décideurs à la majeure partie de la population qui, il faut le reconnaître, aujourd'hui, a moins de 30 ans, alors que les gouvernants constituent une véritable gérontocratie ou la moyenne d'âge dépasse allégrement 50 ans ! Résultat : on a affaire à un pouvoir autoritaire, autiste, indifférent aux doléances et attentes des citoyens et aggravant par la même cette double fracture sociale. Tant que la nature du pouvoir n'aura pas changé, le pire est toujours à craindre.
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