Algérie

Immolation


Une femme a tenté de s'immoler par le feu devant le symbole de la présidence pour une question de toit. Quoique de plus normal, quoique de plus logique, de plus attendu, et c'est le drame, dans un pays comme l'Algérie où se prendre pour une torche vivante est rentré dans les m'urs quotidiennes. Déjà, il y a une quinzaine de jours, à Oran, et plus précisément à Saint Eugène, une femme, victime d'une escroquerie au toit, s'est donné la mort, entraînant avec elle un flic qui a voulu sauver son fils des flammes. Un fait hautement symbolique qui a changé le cours de l'histoire de la Tunisie, devenu, par la force de la démesure algérienne et de l'extrémisme national, un fait divers banal relégué aux pages intérieures de la presse locale. La comparaison s'arrête là lorsque la dame de 68 ans, une bouteille d'alcool à brûler, sous les jupons, s'est présentée au siège de la présidence pour demander à voir un ministre. Pas Dahou Ould Kablia, ni Moussa Noureddine, encore moins Ouyahia, non, la mémé voulait discuter avec un ministre français. Pourquoi ' Me poseriez-vous la question, pourquoi une grand-mère, originaire de Hassi Mamèche, de Zouia ou de Sid El Djilali voudrait rencontrer un ministre de la République française ' Pour quelle raison une hadja de chez nous voudrait tailler un brin de causette avec un gars de l'UMP, estampillé Sarko ' Parce que tout simplement, la vieille ne s'appelle pas Bakhta, Louiza ou Aldjia mais a un patronyme, tout ce qu'il y a gaulois, que la présidence ne se trouve pas à El Mouradia mais en plein c'ur de Paris. La tentative d'immolation a eu lieu hier devant le palais de l'Elysée. Ce n'est pas une blague, une gawriya a voulu copier les Algériens en essayant de s'immoler par le feu à cause d'un problème de logement. Comme quoi, la réalité peut dépasser la fiction et nos fondamentaux nationaux, nos constantes les plus sacrées, battues en brèche par une vieille française en mal de F2. Ce fait divers, tragique en lui-même, pour l'électorat de Sarkozy, mais terriblement en décalage avec ce qui se passe chez nous, où le moindre candidat à l'immolation par le feu, même s'il ne fait que «plaisanter», meurt dans de terribles douleurs, repose avec acuité la mondialisation des souffrances partagées par tous les peuples du monde. Si la vieille dame s'en est sortie, parce qu'elle respire l'air de Paris, et que Dieu est plus clément avec les autres, les nôtres, nos suppliciés, ceux qui se prennent pour des briquets pour avoir été marginalisés ou parce qu'on a pris sa mobylette à la fourrière, n'ont pas toujours cette chance et que nos hôpitaux sont des antichambres de la mort. La misère est internationale mais la mort, elle, on a l'impression qu'elle est sélective, ne frappant que les pays du quart-monde, avec une préférence prononcée pour les plus sous-développés. Quoi qu'il en soit, la France, après nous avoir volé 132 ans de notre liberté, de nos richesses, est en train de s'approprier une valeur nationale, en poussant son peuple à s'immoler pour un… toit.
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