La hausse vertigineuse des loyers des locaux commerciaux, les agents
immobiliers sont unanimes à l'expliquer par une demande sans cesse croissante
en raison de l'afflux des citoyens sur les deux dispositifs Cnac
et Ansej, notamment suite à l'allègement de la
procédure administrative et la revue à la baisse de l'apport personnel des
prétendants.
Selon plusieurs d'entre eux, la tendance d'il y a deux ans, et abstraction
faite de certains quartiers à grande vocation commerciale, s'est renversée. Dans
certains quartiers où le loyer demandé était plus ou moins accessible, il est
devenu pénalisant pour certains promoteurs de projets. Ces derniers estiment
que la baisse de l'apport décidé par les pouvoirs publics n'a pas été
finalement bénéfique pour eux, étant donné qu'ils sont dans l'obligation
d'engager d'importantes sommes juste pour l'acquisition du local, une condition
exigée pour les activités sédentaires et, par conséquent, les seuls gagnants
sont les propriétaires. Cette demande inattendue a ouvert grand l'appétit des
propriétaires qui exigent, en plus d'une caution, le paiement cash de toute la
durée du contrat, alors qu'avant, les locataires ne payaient que la première
année.
Concernant les cours, ils varient
d'un quartier à un autre, et ce selon la nature de l'activité ciblée. Si pour
la fabrication, les promoteurs ne mettent pas en avant l'emplacement, étant
donné que ce qui les intéresse le plus demeure l'espace ainsi que les sources
d'énergie, pour les prestations de services, c'est plutôt l'endroit et l'artère.
Sur ce plan, au niveau de tous les quartiers, plus on se rapproche des artères
principales, plus le loyer est cher. A cet effet, l'exemple de Choupot est édifiant, car de par sa vocation commerciale, notamment
le prêt-à-porter, les services ont automatiquement suivi, particulièrement la
restauration, un segment tant convoité à la Cnac et l'Ansej. Dans ce même quartier, un local dit «bien situé»
d'une superficie de 100 m²
peut atteindre jusqu'à 60.000 dinars par mois et tous les travaux d'aménagement
et d'agencement sont au compte du locataire. Ce tarif n'est pas unique, sachant
que tout dépend de la situation financière du propriétaire, dont certains sont
obligés d'avoir de l'argent frais pour généralement achever leurs travaux. A ce
titre, la configuration de plusieurs quartiers autrefois résidentiels est en
train de changer et de nouveaux investisseurs s'installent pour démolir des
villas et d'édifier à leur place des locaux commerciaux, dont les loyers
serviront pour achever les travaux des logements.
Même les grands ensembles immobiliers n'échappent pas à cette folie des
loyers, étant donné que les propriétaires des locaux commerciaux préfèrent les
louer au prix fort, entre 12.000 et 15.000 dinars et même jusqu'à 20.000 dinars.
Mais, en plus de cette donnée, une autre a aussi influé sur les cours de l'immobilier
commercial, à savoir le tramway. Tout au long du tracé du projet du tramway
d'Oran, notamment dans ses parties urbaines, les cours de l'immobilier ont pris
de nouvelles proportions dans le sens de la baisse, dès la pose des premiers
engins il y a bientôt 3 ans. Dans un premier temps, le rétrécissement de la
chaussée a rendu les opérations de chargement et de déchargement très
difficiles, voire impossibles et, du coup, les commerçants de gros se
trouvaient contraints de trouver d'autres alternatives, notamment en allant
s'installer dans d'autres quartiers où les conditions étaient plus favorables. C'est
à Maraval, un quartier pourtant résidentiel, que tous
les grossistes chercheront un local pour leur activité. En l'espace de deux
années, les prix aussi bien à la location qu'à la vente ont triplé. En 2010 et
selon un agent immobilier au fait de la question, le prix du mètre carré a
atteint les 12 millions de centimes/mois, et ce même pour une bâtisse à raser
étant donné qu'elle ne répond pas aux exigences de l'activité commerciale. En
revanche, au boulevard Mascara, changement de décor : depuis deux ans, on
assiste à la réalisation de grands magasins avec des devantures en verre pour
abriter des activités de prestation ou simplement commerciales.
Là aussi, les prix ont explosé et les investisseurs misent gros, car
leurs projets seront porteurs en raison des facilités de transport qui seront
offertes à une clientèle potentielle avec la mise en service du tramway. Et sur
cette artère, les loyers sont exorbitants et varient entre 20.000 et 30.000
dinars par mois, voire davantage.
Dans l'autre sens du tracé, à savoir celui devant relier la place du 1er
Novembre à Sidi Maârouf, la tendance est claire pour
les commerçants de l'avenue Hamou Mokhtar
(ex-Saint Eugène), qui ont perdu énormément au plan du chiffre d'affaires, au
point qu'ils font partie des commerçants indemnisables pour dommages
collatéraux du projet. L'immobilier commercial a été affecté : et si pour les
propriétaires, les perspectives s'annoncent meilleures une fois le projet
achevé, ce sont les locataires qui fuient cette artère, et beaucoup de petits
commerces et même des prestataires ont fermé, préférant changer de lieu. Les
propriétaires ne trouvent plus preneurs, même si les loyers ont été
substantiellement revus à la baisse. Des agents immobiliers avancent le taux de
40%, mais en précisant qu'une reprise est possible avec l'approche de la fin
des travaux.
Contrairement à cette artère faisant partie d'un quartier entièrement
enclavé, la rue Mohamed Boudiaf (ex-Mostaganem) connaîtra le même phénomène une
fois les travaux lancés, et qui seront plus longs en raison de la vétusté des
immeubles ainsi que des transferts des différents réseaux qui seront un
véritable casse-tête chinois pour les responsables du projet.
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Posté Le : 15/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com