Algérie

Immigration clandestine


Ces humains qu?on oublie à la porte du racisme ordinaire Que sait le Maghrébin de ses voisins d?Afrique, migrants en transit, en passage ou installés dans les pays de l?antique Ifriqya ? « Les subsahariens se nourrissent de rats » sinon de bébés selon des titres de la presse marocaine. « Source d?inquiétude », « criminels potentiels » ou encore ils « envahissent » nos territoires et « constituent une menace sanitaire ainsi que contre l?ordre public », « habitués des tribunaux », selon une partie de la presse algérienne. « Pratiquant la sorcellerie », selon des journaux tunisiens, lourdement engagés dans « la lutte contre l?immigration clandestine ». La stigmatisation, l?annihilation même d?être humain ? on présente des PV des services de sécurité sans donner un nom, un visage ? a été l?un des constats de la journée d?étude organisée hier à Alger à la galerie Art en liberté sous le thème « Les mots/maux de la migration ». Journée entrant dans le cadre du projet Réseau Afrique/migration (RAM) qui regroupe des acteurs de la société civile autour de la question migratoire. Réseau mis en ?uvre par le CISP (Comitato internazionale per lo sviluppo del popoli, qui active notamment entre Alger, Oran et Tamanrasset), et ses partenaires algériens (SARP), marocains (Amerm, Afvic) et tunisiens (Acmaco). Soulignant les préjudices ? parfois xénophobes ? portés par certains écrits de la presse algérienne à l?image des migrants, Rachida Dechicha de la société algérienne de recherche en psychologie a pointé du doigt l?emploi ambigu de la notion d?« Africain ». « Le racisme c?est justement oublier ses racines », a-t-elle appuyé. Les journalistes présents ont effectué une auto-critique : une presse otage de l?approche sécuritaire manque de formation et de spécialisation, entreprise de presse qui n?arrive pas à spécialiser ses reporters, etc. « Sans oublier qu?en Algérie, la question des migrations n?est pas sujet à débat dans la société », a relevé Mahmoud Belhimer d?El Khabar. L?exemple vient du Maroc, où la presse indépendante, à travers les associations, établit des contacts directs avec les migrants subsahariens. « En Algérie aussi, il y a eu des reportages où l?élément humain a été avancé au détriment des approches globales et répressives », a nuancé Azzedine Bensouyieh, journaliste à l?agence italienne Ansa à Alger. Un documentaire sur les itinéraires douloureux et communs de migrants camerounais, nigérians, ivoiriens ou algériens, clandestins en France ou en Espagne, dans la banlieue d?Alger ou dans les buses de l?oued Tamanrasset, a été projeté. L?intérêt est qu?on y voit des visages et sur ses visages des noms, des itinéraires. Un même rêve, l?eldorado. Un même cauchemar : devenir l?autre, l?Arabe ou le Noir.
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