Le réalisateur Mohamed Rahal a, encore une fois, su délivrer ses messages et surtout dénoncer des faits de société à travers ses longs-métrages. Après s'être attaqué au phénomène de kidnapping, l'amour, les traditions et les tabous dans la société algérienne, Rahal aborde dans son dernier opus d'expression kabyle, intitulée Imeksa N'tlufa, que l'on pourrait traduire par les bergers à problèmes, à un fléau moral qui ronge notre société, celui de l'immixtion dans les affaires d'autrui. Dans ce film, produit par la société InnovProd et lequel a été projeté en avant-première, samedi, à la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, Mohamed Rahal qui porte la double casquette de réalisateur et scénariste, traite avec subtilité et humour cette tendance qui se propage dans notre société, laquelle consiste à se mêler de la vie des autres et vouloir coûte que coûte y mettre son grain de sel et tant pis si cela nuit à la société. Ainsi, à travers deux personnages, Pounta et Ptitou, tous deux ayant la fâcheuse tendance à mettre leur nez dans des affaires qui les dépassent et surtout qui ne les regardent en rien, le spectateur est plongé dans un village de Kabylie médiévale, où règne un caïd peu commode avec ses sujets. Un beau jour, le caniche de ce chef tribal se fit kidnapper par un inconnu. Triste et inconsolable de cette perte, ce caïd convoque les villageois et propose une récompense de 5000 pièces d'or à quiconque lui retrouvera son animal de compagnie. Les deux joyeux lurons étaient dans les parages, et ni une ni deux, ils s'empressent de proposer leurs services pour élucider ce rapt et toucher le magot. Cependant, les choses ne se passent pas du tout comme prévu et les deux compères se retrouvent embarqués dans une multitude de péripéties qui leur feront regretter leur témérité, nullement désintéressée. "À travers ce long métrage, j'ai voulu mettre en lumière un phénomène qui mine notre société à travers ses composantes, celui de l'immixtion dans la vie et les affaires des gens. C'est un fait grave", expliquera Mohamed Rahal, lors des débats ayant suivi la projection du film. Pour ce réalisateur, qui a déjà remporté 3 Oliviers d'or, lors de la dernière édition du Festival culturel national du film amazigh pour son long-métrage Le combat du c?ur, les deux personnages principaux symbolisent les gens, qui soit par malveillance, cupidité ou bien à la recherche de certains privilèges, sèment la zizanie au sein de leur entourage et n'hésitent pas à détruire toute une société pour de vils profits. Toutefois, et au-delà de la justesse et la noblesse du message véhiculé, Imeksa N'tlufa pêche par son côté loufoque qui dénature quelque peu le contenu. En effet, et même si ce long-métrage porte le cachet de comédie, il n'en demeure pas moins que le comique laisse très vite la place au côté "kitch" qui ne rajoute rien à l'histoire. Ainsi, les acteurs qui incarnent Pounta et Ptitou, passent leur temps à user et abuser du burlesque, sans pourtant tirer le moindre sourire du spectateur. Concrètement, il aura fallu attendre au moins 40 minutes pour entendre quelques rires dans la salle de projection. Nonobstant de cela, le dernier né du talentueux réalisateur Mohamed Rahal, sans être un film moralisateur, pousse le spectateur à réfléchir sur sa société et ses dérives.Ramdane Bourahla
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Posté Le : 26/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ramdane Bourahla
Source : www.liberte-algerie.com