Algérie

Imaginaire colonial et littérature, Jules Verne chez les Touaregs.



Imaginaire colonial et littérature, Jules Verne chez les Touaregs.
Le dernier manuscrit que Jules Verne confie en octobre 1904 à son éditeur Hetzel ne figure pas parmi ses romans les plus célèbres. Aujourd'hui encore, hormis quelques spécialistes, peu de personnes ont lu L'invasion de la mer. C'est pourtant sous ce titre qu'à partir de janvier 1905 est paru sous forme de feuilletons illustrés dans Le Magasin d'Éducation et de Récréation, périodique des éditions Hetzel destiné à la jeunesse, le dernier roman publié par Verne de son vivant.
Dans nombre de ses œuvres, Verne imagine des réalisations humaines à venir, des exploits techniques rendus plausibles par les progrès scientifiques de son époque. De la fusée (De la terre à la lune) au sous-marin (Vingt Mille lieues sous la mer) cet auteur apparaît alors dans l'imagerie commune comme un visionnaire scientifique, comme celui qui « rend perpétuellement l'irréel croyable » (Butor 1971). Rien de tel ici. Verne se contente en effet de reprendre comme toile de fond de son roman un projet qui, en cette fin du XIXème siècle, a bel et bien passionné nombre de scientifiques et de politiciens français. Dans un contexte idéologique où se mêlent confiance totale dans le progrès technique et exaltation de la mission « civilisatrice » du colonialisme français, il s'agissait ni plus ni moins que d'installer (ou plus exactement rétablir) dans le sud de la Tunisie et de l'Algérie une mer intérieure communiquant par le golfe de Gabès avec la Méditerranée. A ce projet de « mer saharienne » reste attaché un nom, celui du colonel Roudaire.

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