Les images et les messages qu'a transmis avant-hier, jour du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le régime algérien à travers sa télévision, ENTV, lors du JT de 20h, sont aussi subliminaux.Aussi bien quant à leur nature qu'à leurs intentions. Les images qui montrent le Président recevant à El Mouradia les hauts responsables de l'Etat, les ministres de souveraineté et à son côté l'omniprésent vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, n'est pas fortuit. Le protocole aurait dû, pour conforter «l'Etat civil», que crient les relais du sérail sur tous les toits, se passer de la présence d'un responsable militaire, dont toute l'Algérie connaît le rôle prépondérant et décisif qu'il a joué dans la reconduction du locataire d'El Mouradia pour un quatrième mandat et dans les divers changements qui ont touché toute l'architecture militaire, notamment au sein du Département du renseignement et de la sécurité.Le dispositif protocolaire aurait donc fait en sorte que le vice-ministre de la Défense soit aux côtés du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, des responsables des portefeuilles de souveraineté et du président de l'Assemblée populaire nationale (APN), mais non. Ahmed Gaïd Salah a eu droit à un strapontin aux côtés du chef de l'Etat, et au diable alors «l'Etat civil» ; même dans les apparences. Car vu la manière avec laquelle il s'impose aux Algériens, celle avec laquelle il gère le pays et surtout le rejet dont il fait l'objet, le système, fragilisé notamment par la conjoncture économique, et à défaut de convaincre, il en a de moins en moins les moyens, a beaucoup plus besoin de montrer sa puissance de feu, sa force et sa cohésion dans sa nouvelle configuration, que d'admettre son échec et négocier une sortie de crise.Le duo Bouteflika-Gaïd Salah avait en effet laissé voir leur complicité pour faire face «aux ennemis de l'intérieur». Les images du 1er novembre sont celles de l'obstination, de l'exhibition de la réalité du pouvoir, de ses incongruités, de ses écarts et de sa faillite aussi. C'est l'étalage de la force, du bâton qui devrait amener l'opinion et la classe politique à moins croire à son discours qui prétend répondre à l'une des plus grandes préoccupations de l'opposition, à savoir la mise en place d'une commission de surveillance des élections et l'octroi de plus de prérogatives au Parlement.Entre la réalité d'un régime qui foule aux pieds les libertés et les plus élémentaires des règles de droit, qui a échoué au plan économique et imposé une régression politique au pays des martyrs, et le visage qu'il veut bien montrer aux Algériens, il y a un fossé de non-sens. La logique aurait été la démission de ceux qui ont conduit à l'échec. Et leur départ aurait été certainement la dernière concession de leur part à un pays qui a trop toléré leurs dérives.Mais les messages de ce 1er novembre qui indiquent l'omnipotence d'un pouvoir politico-militaire plus que jamais uni et décidé à compenser son terrible déficit de légitimité par la ruse et la trique ne laissent malheureusement pas l'ombre d'un doute sur la régression qui frappera encore l'Algérie à l'avenir. Les Algériens avaient déjà été témoins et souffert de plusieurs crises politiques, mais celle qu'ils sont en train de vivre est la plus inextricable.
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Posté Le : 03/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Said Rabia
Source : www.elwatan.com