Algérie

Images en vrac


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Les retours de vacances ont ceci d'apaisant : une vague de sensation à la fois agréable et gênante que se partagent, à parts souvent inégales, la frustration de n'avoir pas été au bout de son bonheur et le plaisir, même inavoué, de retrouver la? vraie vie. Mais on ne peut pas replonger dans le train-train quotidien sans «remonter la cassette» d'un temps d'évasion si rare et si utile. Pour des commodités techniques de rédaction, je vais, une fois n'est pas coutume, utiliser le «je», que j'ai toujours tenu à éviter, dans cet espace comme dans d'autres. Alors voilà, pêle-mêle quelques souvenirs encore tout frais et bouillonnants à la fois. En arrivant à Béjaïa, l'une de mes innombrables haltes estivales, j'ai tout de suite constaté que le savoir-vivre, la disponibilité et le bon accueil ne sont pas toujours une vue de l'esprit.En demandant le chemin vers l'appartement que m'avait réservé un ami à un automobiliste, ce dernier n'a pas fait dans la demi-mesure en matière de générosité : il nous a tout simplement demandé de le suivre sur plusieurs kilomètres? jusqu'à ce qu'il s'arrête au pied de l'immeuble en question. Et ce n'était pas sur son chemin !Le soir-même, j'ai vu moins agréable : «la Brise», une promenade qui prolonge le Port n'a que le froufrou à proposer. Rabatteurs pour restos à la bouffe infecte, surélévations en grossier plastic face à une mer abattue et des petits futés qui font commerce de tout et surtout de rien. Puis, le lendemain au petit matin, cette horrible «confidence» d'un serveur de l'un des deux cafés de la place Gueydon auquel mon épouse faisait remarquer que le sol était particulièrement sale :«On n'a pas besoin de nettoyer. Ici, c'est la place Gueydon et ça marche, quels que soient l'état des lieux et la qualité du service» ! A l'auberge du Thais, sur la côte ouest de Béjaïa, j'ai vu la vie qui a déserté l'essentiel de nos espaces maritimes.Les petites plages sont nickel, les niveaux de fréquentation sont humains et l'ensemble de l'environnement offre un confort qu'on croyait à jamais perdu. Trop cher 'Pas vraiment, mais de toute façon, il faudra choisir. Sinon, j'ai assisté à des fêtes où la générosité des c'urs et l'élan des corps ont compensé l'indigence des «DJ», j'ai vu une montagne en régénérescence, j'ai vu des jardins potagers fleurir grâce à l'eau des barrages, j'ai négocié avec l'énergie du désespoir la réouverture d'une route avec des émeutiers qui m'ont ri au nez, je n'ai pas assisté aux obsèques d'un ami enterré à une heure indue par une progéniture illuminée, j'ai embarqué ma fille sur le train d'Oran en constatant qu'un train algérien peut finalement être propre et confortable.J'ai vu des figuiers crouler sous le poids de leurs fruits et de petits éleveurs paniqués par la fièvre aphteuse, j'ai affreusement cauchemardé en apprenant qu'un joueur de la JSK venait d'être tué, j'ai senti avec bonheur l'odeur d'une vraie galette et fermé les yeux face à la laideur des fausses poteries, j'ai cueilli des tomates aussi juteuses qu'une pastèque et j'ai mesuré l'émerveillement d'une vieille montagnarde qui débarque pour la première fois sur une plage d'Azzeffoun. Les vacances, c'est bien, je vous assure. Et ce n'est même pas mortel de reprendre le boulot !


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