Algérie

Ils sont venus, ils sont là !


On était samedi ! Vendredi c'était la veille, mais on ne savait absolument pas pourquoi ils tenaient à être là ! Ils obéissaient aux ordres. Et les ordres disaient qu'ils devaient rester là. En grand nombre et bien en vue !Stationnés pare-choc contre pare-choc pour on ne sait quelle impérieuse raison. Parce que, des raisons, il y en a tellement que lorsque les Algériens se mettent à les énoncer, difficile de leur opposer un quelconque contre-argument.
Une voisine que j'ai croisée en rentrant du marché en avait une de réponse. Avec un sourire en coin, elle m'a expliqué qu'ils étaient là parce qu'ils ne savaient plus à quoi s'en tenir avec cette Algérie que le système découvre rebelle et dont les brigades anti-émeutes ne se seraient jamais doutées qu'elle était capable d'autant d'énergie. «Ils sont là pour parer à toute éventualité», a ajouté ma voisine tandis que nous devisions, amusées, sur ce qui pouvait trotter dans la tête de ces forces de l'ordre désormais impuissantes à faire régner cette discipline que les Algériens se devaient de respecter, au péril de bien des sanctions. Depuis, les choses ont pris une allure différente.
La liberté se conjugue sous d'autres formes, à un autre temps. Et puisqu'ils ne sont plus capables d'anticiper les gestes d'une rue autrement plus éclairée, ils restent là, prêts à foncer sur des marcheurs qui, de toutes façons, ne les craignent plus. Ils pensent que s'ils lèvent la garde, la rue occupera les lieux, alors autant ne pas bouger de là. Comme si cette dernière, avec tous les faits et revendications à son actif, avait besoin de plaquer son emploi du temps sur celui d'hommes en tenue de combat ! Et elle le fait entendre comme si ne pas le dire pouvait signifier que l'on est d'accord avec un pouvoir qui aurait découvert, brutalement, le prétendu danger que des marcheurs, acquis à la pluralité des causes à porter, feraient peser sur le pays en l'exposant à la division. Il y a quelques mois, ce qui importait le plus, en haut lieu, c'était que toute cette jeunesse, qui occupe aujourd'hui la rue, soit confinée dans les stades et y échange ses frustrations, à l'abri des regards.
Ça tâtonne sec depuis !
M.?B.?
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