Ils sévissent sur les plateaux TV

Consultants ou juristes ' L'habitude prend le dessus sur les objectifs des émissions sport. Il est dit que le consultant est un avantage concurrentiel pour la chaîne qui l'embauche, cette dernière profitant de sa notoriété afin d'asseoir son image de marque en bénéficiant d'un transfert de valeurs entre l'image du consultant et celle de la chaîne.Certaines justement en profitent, non seulement pour apporter des informations et surtout des analyses professionnelles, voire très professionnelles, mais souvenir, il est dommage de constater que des réactions donnent plutôt l'allure d'être sur un espace juridique. L'objectif est de pousser les institutions à réagir vite et d'une manière efficace sur de diverses questions qui touchent au sport. Des orientations mêmes sont souvent données plutôt que des souhaits ou propositions. Entre insister et souhaiter, il y a là deux éléments distincts à ne pas ignorer, mais le premier prend de l'avance sur le deuxième, ce qui pourrait être très mal interprété par ceux qui travaillent dans le sens d'une mise à niveau de la gestion des clubs. La tentation est grande, mais significative pour quelques consultants, qui veulent aller dans le sens de la constitution de dossiers qui porteraient sur l'identité, mais aussi sur les biens qu'ils détiennent. Tout cela est dit dans un sens bien compris. On évoque souvent une question qui est juste et nécessite analyses et commentaires, celle des arbitres. Un arbitre international de 43 ans, admet que «l'image est capitale dans l'arbitrage de haut niveau», notamment pour l'entraînement et la formation, puis prévient contre son utilisation par les chaînes de télévision : «Entre montrer une phase de jeu et déceler l'intention de faire faute ou pas, c'est totalement différent». Ce qui est vrai et notoirement connu au-delà, l'apparition du consultant sportif permet aux chaînes de diversifier la prise de parole à l'écran, en proposant un regard théoriquement objectif se différenciant de celui du journaliste, sous couvert d'indépendance évacuant le conflit d'intérêt. Des questions se posent : au droit de la liberté d'expression répond le devoir de responsabilité. Une balance fragile s'établit entre les deux injonctions : si un individu, journaliste ou non, n'a pas la garantie de pouvoir entièrement répondre de ses actes, peut-il s'exprimer sans entrave ' Si une contrainte quelconque est susceptible de s'exercer avant, pendant ou après le processus de diffusion et de communication d'information, le journaliste peut-il affirmer qu'il jouit de sa pleine et entière responsabilité ' Il s'agit là de débats qui font monter l'audimat et qui servent à la fois de calmer les esprits par des interventions plus intelligentes. Un autre explique que sur un match de football tout va si vite qu'à vitesse réelle, on est dans la même situation que l'arbitre même si on est plus loin que lui du terrain, du c?ur du jeu. Du haut de la tribune de presse, tout va vite, pour nous, les ralentis sont un outil très précieux pour apporter une information complémentaire. Enfin un animateur d'une chaîne française disait en direct : «J'explique aux arbitres quand je les vois : ne nous demandez pas de cacher vos erreurs (...). Aujourd'hui, il y a des caméras partout, donc ne nous demandons pas de masquer vos erreurs. C'est cruel pour vous, mais on répète, on va répéter à chaque fois, qu'on a des éléments que vous n'avez pas et on n'a pas le choix : les gens veulent savoir s'il y a but ou pas, hors-jeu ou pas hors-jeu. Deuxième chose, ne nous demandez pas non plus d'être en défense constante et de principe de ce que vous faites. Je pars du principe que, et d'un vous êtes honnête, et de deux, que ce que vous faites est très difficile, trois, vous n'avez plus vos chances aujourd'hui face à la vitesse, au rythme du jeu, donc votre erreur on va la juger. On va dire «oui, on comprend pourquoi il s'est trompé» et «là, vraiment, on ne comprend pas pourquoi il s'est trompé, il a agi comme un nase». Un consultant a besoin d'affiner ses analyses sans oublier que les caméras lui font face.