à l'instar de la grande majorité des villes d'Algérie, Saïda fait sa mue. Doucement, mais sans sa jeunesse qui s'adonne au gain facile. Résultat : la main-d''uvre locale se découvre d'autres vertus.
'J'ai employé plus de 100 personnes dans mon entreprise. Je leur assurais les salaires, le transport et le repas. Je prenais en charge toutes leurs préoccupations familiales urgentes. Aujourd'hui, je fais du porte-à-porte pour trouver une main-d''uvre qualifiée. Pas d'électriciens, de plombiers, de coffreurs et de chauffagistes. Plus grave, pas d'ouvriers journaliers qui puissent assurer la continuité d'une prestation. Aujourd'hui, le phénomène vire à la facilité et l'argent facile. Mes ouvriers ont quitté mes chantiers sans même avoir la gratitude de m'avertir pour prendre mes précautions ! La plupart des chantiers tournent au ralenti et nos jeunes compétences ont déserté les métiers utiles pour s'investir dans des créneaux faciles'.
Ce témoignage poignant émane d'un responsable d'une entreprise de travaux publics rencontré au c'ur de la ville de Saïda. Ville hostile et austère, région conservatrice, rigide, mais pas tout à fait dénuée des idées reçues, Saïda fait sa mue autrement. Les fléaux qui la touchent de plein fouet ne sont pas étranges et s'inscrivent, fort malheureusement, dans une globalisation sauvage et anarchique. Isolée, mais en voie de développement, cette région des Hauts-Plateaux recèle pourtant d'un réservoir d'emplois extraordinaire. Notamment dans le secteur de l'agriculture, vocation n°1 de Saïda qui voit ses cueillettes se réduire à de vulgaires campagnes de collecte pour sauver la face. Des milliers d'hectares d'oliviers à perte de vue et des milliers d'arbres fruitiers et autres cultures sont à l'abandon. Cela ne veut absolument pas dire que tous les jeunes ont viré.
Pour preuve, à la veille de la célébration du 1er Novembre 1954, ce sont des jeunes de la région qui ont pris en main la manifestation aux côtés des vieux chevaliers qui ont chassé le colonialisme. 'Saïda, c'est l'équivalent de milliers de tonnes d'olives destinées à l'industrie des corps lipides et des conserves. Depuis quelque temps, il est impossible de ramasser cette masse. Les jeunes estiment que ces métiers sont dévalorisants', nous dira aâmi Ali qui regrette qu'une aussi belle région crève sous le poids du chômage. Un chômage provoqué par une 'révolution facile' d'une jeunesse qui s'investit dans des créneaux faciles, voir futiles. 'Hier, ces jeunes touchaient une moyenne de 25 à 30 000 dinars par mois à travers les chantiers. On dirait qu'il y a un effet de contagion aux crédits de l'Etat, à l'endettement et à l'assistanat du gouvernement qui mise sur la paix sociale par tous les moyens', enchaînera ce citoyen originaire de la localité. Celui-ci se souvient, dans un passé récent, avoir eu recours à des demandes d'emploi assez compliquées. 'Nos jeunes veulent, en effet, travailler. Mais, on assiste à un mode d'emploi insolite à tel point de voir des jeunes circuler à bord de Pick-up onéreux sans rien fournir en prestations. Pis encore, ils passent leurs journées à sillonner les rues de la ville pour attirer les mouches ou pour se faire remarquer devant les campus universitaires ou les lycées', fera-t-il remarquer.
Phénomène en vogue dans les wilayas du Centre, le gain facile a vite fait le tour d'Algérie pour atterrir dans les contrées éloignées. Malgré les risques majeurs, les jeunes diplômés préfèrent 'tenter le diable' que de construire une carrière professionnelle reluisante. Saïda, finalement, ce n'est pas ce qu'on pense à travers les clichés souvent mal développés. Saïda, c'est aussi cette jeunesse impliquée dans une dynamique globalisante où rigidité et conservatisme prennent le dessus sur la valeur ajoutée. 'Vive les harragas', un écriteau difficile à décrypter sur la façade d'une muraille en brique neuf trous, les jeunes de cette ville donnent une nette impression d'indifférence face à cet oued de Rebahia qui incarne une misère à ciel ouvert où les eaux usées, les déchets ménagers et les bidonvilles font bon ménage'
F. B.
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Posté Le : 02/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Belgacem
Source : www.liberte-algerie.com