Algérie

Ils s’élèvent contre le maintien d’une pension mensuelle à 1.000 dinars



Ras-le-bol des non-voyants Les non-voyants organisaient hier leur deuxième manifestation en l’espace d’un mois, après avoir observé un rassemblement devant le siège du gouvernement le 2 février dernier. Ils sont donc revenus à la charge pour crier leur ras-le-bol en dénonçant les décideurs qui maintiennent leur pension mensuelle à... 1.000 dinars. Les non-voyants s’estiment «oubliés des autorités et même de l’UGTA» pour ceux d’entre eux qui travaillent. «Tout le monde a eu une augmentation, le SMIG étant passé à 12.000 dinars; il y a eu revalorisation des retraites et des pensions des différentes couches de la société... et qu’en est-il de nous?», s’exclame l’un des intéressés qui ont tenu, hier, à manifester leur colère devant le siège de la CCPPDH (Commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme) de Farouk Ksentini, «après avoir épuisé les voies de recours légales». C’est en début de matinée que le collectif des non-voyants, fort de plusieurs dizaines de manifestants, a pris place devant le portail principal de la commission de Me Farouk Ksentini. Se serrant les coudes, ils ont observé un sit-in de protestation, avec l’espoir de rencontrer le président de cette commission sur laquelle ils fondent tous leurs espoirs. «Nous voulons un peu de considération. Cela fait des années que les autorités n’ont pas pris en charge nos revendications, dont la principale est relative à l’augmentation de notre pension. Comment voulez-vous vivre avec 1000 dinars mensuellement?», s’est interrogé un membre du collectif. Un autre prend la parole pour dire qu’ils comptent ainsi «parmi la population qui vit très en dessous du seuil de pauvreté». Avant d’ajouter: «Si vous voulez voir comment on vit, venez nous voir chez nous. Nous avons interpellé à plusieurs reprises les autorités, dont le ministère de la Solidarité et du Travail et de la Sécurité sociale ainsi que la chefferie du gouvernement, mais sans réponse.» «On se demande si nous sommes comptés parmi la population d’Algérie ou on veut tout simplement nous oublier», ajoute-t-il. Selon les manifestants, ils sont 110.000 handicapés visuels à souffrir toutes les privations, n’arrivant même pas à faire leurs emplettes aux marchés parce que sans ressources. D’autres évoquent, attristés, le manque de prise en charge au niveau des entreprises pour pouvoir travailler. «Pourtant, une circulaire ministérielle oblige les entreprises à compter parmi leurs personnels au moins un handicapé sur cent employés. Qu’est-il advenu de cette circulaire? Où sont les responsables chargés d’effectuer des inspections et constater le fait sur le terrain?», crie un jeune non-voyant. Il y avait hier, parmi les manifestants, des travailleurs de l’ex-ENABROS, l’entreprise de fabrication de brosses et de balais. Ils en veulent, eux, aux pouvoirs publics qui ne semblent pas pendre en considération leurs appels incessants à sauver leur entreprise. Ils affirment que le ministère de la Solidarité, qui est en charge de l’entreprise, a décidé de la fermer définitivement. «Cela fait 16 ans que nous organisons des mouvements de protestation sans avoir réussi à faire bouger les choses», dira l’un d’eux qui évoque «l’état de délaissement dans lequel se trouve l’entreprise, en l’absence de statut, fonctionnant grâce à un budget dérisoire, avec une grille de salaires figée et un équipement obsolète. «Les responsables n’ayant hélas pas pensé à prendre en considération son renouvellement et nous restons ainsi avec une grille de salaires qui date des années 70, le moyen étant toujours à 8.000 DA», ajoute un travailleur. D’autres manifestants ont soulevé la difficulté pour eux d’obtenir un micro-crédit, «espoir de tous les jeunes chômeurs et, par ailleurs, un droit». C’est en ce sens que les non-voyants ne comptent pas en rester là, décidant en tout cas d’user de tous les recours pour faire valoir leur droits.


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