Le silence qui entoure le taux de participation est, pour le moins, curieux, alors qu'il devait être rendu public dans la soirée même qui a suivi le jour du vote. Cependant, les résultats provisoires ressuscitent l'ex-parti unique, le RND et le MSP et, paradoxalement, montrent l'insignifiance de leur poids électoral.Trois jours après les élections législatives du 12 juin, marquées par un fort taux d'abstention, l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) n'a toujours pas communiqué les résultats du scrutin. Mais de grandes tendances commencent à se dégager. Au sein des partis politiques et des représentants des candidats, l'attente est devenue longue, virant parfois à l'impatience. Jusqu'à hier soir, aucun communiqué officiel, ni aucune information fiable sur le taux de participation, encore moins sur les estimations concernant les tendances partisanes. L'Anie s'est murée dans le silence, dans l'attente de l'arrivée des procès-verbaux en provenance des wilayas.
Mais selon des échos émanant de certaines antennes locales de l'Anie, le raz-de-marée des listes indépendantes et des islamistes, annoncé par des observateurs au début de l'élection, n'a pas eu lieu. La tendance générale qui semble se dégager confirme la reconduite du statu quo. Si aucun parti n'a pu avoir à lui seul une majorité, le parti du Front de libération nationale semble mener la course en tête. Il a, en effet, gagné des sièges dans certaines wilayas comme Béjaïa (8), Sétif (6), Mila (3), Tlemcen (5) et Tizi Ouzou (2).
Des responsables de l'ancien parti crient déjà victoire et tablent sur une centaine de députés élus sur les listes de leur parti. Optimisme de circonstance ' Possible, puisque si plusieurs sources recoupées confirment l'arrivée en tête du FLN, beaucoup prévoient, en revanche, qu'un peu plus de 60 députés ont été élus. D'autant que jusqu'à l'heure où nous mettons sous presse, les résultats du scrutin ne sont pas connus. C'est le cas, par exemple, d'Alger où des PV de certaines communes n'étaient toujours pas achevés.
À Oran et Djelfa, les dépouillements n'étaient toujours pas terminés, tandis qu'à Constantine, la répartition des sièges s'avérait laborieuse puisqu'aucun parti n'avait dépassé le seuil des 5% exigé pour prétendre au moins à un siège. Mais fait inédit : le FLN est absent, pour la première fois, dans au moins 23 wilayas où il n'a obtenu aucun siège. Une information confirmée par le chargé de communication, Mohamed Amari.
L'alter égo du FLN, le Rassemblement national démocratique, tire, lui aussi, son épingle de jeu. Sans être la locomotive, le parti que dirige Tayeb Zitouni a tout de même maintenu une présence au sein de l'institution parlementaire. Certes, il n'a pas fait le plein, mais on lui attribue entre 40 et 50 sièges qu'il aurait glané dans différentes régions du pays. Il s'est souvent contenté d'un ou deux sièges, à l'exception notable de Mila où il a obtenu 5 des 8 sièges mis en jeu. À Tlemcen, le deuxième parti de la défunte alliance présidentielle se partagerait le butin avec le FLN avec 5 députés chacun. Pour l'heure, à l'instar des autres chefs de partis politiques, le secrétaire général du RND préfère temporiser avant de s'exprimer sur les résultats.
Pas de percée pour les islamistes
À ces partis de la mouvance "nationaliste" s'ajoute le Front El-Moustakbal que préside Abdelaziz Belaïd, un transfuge du FLN, dont le parti serait accrédité d'un score autour d'une trentaine de députés. Le parti, dont le président s'était porté candidat à la dernière élection présidentielle, n'est sorti premier dans aucune circonscription électorale. Mais il pourra bien s'allier aux deux autres partis pour former, probablement, une alliance parlementaire qui pourrait servir d'appui politique au chef de l'Etat. Annoncé comme les probables vainqueurs peu avant le scrutin, les listes indépendantes seraient créditées d'une cinquantaine de sièges. Composées en majorité d'anciens soutiens locaux au chef de l'Etat, ces députés peuvent également se joindre à l'attelage avec les anciens partis du pouvoir pour constituer la nouvelle majorité parlementaire. Reste qu'en dehors de quelques wilayas, les noms des députés issus de ces listes ne sont toujours pas connus. Donnés également comme grands vainqueurs de ce scrutin par certains observateurs, les partis de la mouvance islamiste, dans leurs diverses déclinaisons, n'ont pas dépassé de beaucoup les anciens scores qui leur étaient "attribués" lors des précédentes élections. Seule parti qui sort du lot : le Mouvement de la société pour la paix dont on prédit une arrivée en seconde position derrière le FLN, puisque le parti d'Abderrazak Makri serait crédité d'un nombre d'élus qui n'est pas loin de celui obtenu par le FLN. Il devancerait ainsi le RND et les indépendants. Mais il n'est pas la locomotive qui pourrait constituer un gouvernement comme l'a prédit son président tout au long de la campagne électorale. Ce parti, qui se proclame pourtant la première force politique d'opposition du pays, n'est arrivé en première position dans quasiment aucune circonscription électorale.
L'autre parti islamiste, El-Bina, dont le président Abdelkader Bengrina veut donner l'image d'un parti moderne en acceptant des femmes non voilées sur les listes, fait partie des formations politiques qui composent le peloton de tête des vainqueurs. Il aurait obtenu près de 40 sièges. Il s'est même permis le luxe de rafler la mise à Mostaganem où il a gagné la totalité des 8 sièges de cette wilaya côtière de l'Ouest. Selon des observateurs, ce parti, qui a soutenu le processus électoral en cours, pourra remplacer son ancienne formation, le MSP, dans une éventuelle alliance présidentielle qui soutiendra Abdelmadjid Tebboune au sein de la chambre basse du parlement.
Mais assurément, le grand perdant de cette mouvance est sans conteste le Front pour la justice et le développement (FJD) d'Abdellah Djaballah. L'homme, au long parcours militant au sein de la mouvance islamiste salafiste et qui a déployé d'énormes efforts lors de la campagne électorale sans pouvoir attirer la grande foule lors de ses meetings, a été laminé et risque probablement de disparaître de la carte politique. D'après certaines sources, son parti n'aurait obtenu que quelques sièges. Même pas de quoi constituer un groupe parlementaire. Dans ce tableau qui ne diffère pas vraiment de celui qui préexistait au mouvement populaire de 22 Février 2019, les partis démocrates seront quasiment absents. Dans le lot des nouveaux partis politiques, "La bonne gouvernance" d'Aïssa Belhadi et "La voix du peuple" de Lamine Osmani n'auront visiblement qu'une présence symbolique dans la future APN. Ils auront deux à trois députés chacun.
Un nombre insuffisant pour aspirer à former un groupe parlementaire, malgré d'énormes efforts déployés pour soutenir le processus électoral en cours. Autre registre, autre perdant de cette élection : peu de femmes dans la future Assemblée. Alors que la nouvelle loi électorale exige une parité hommes-femmes dans la conception des listes (même si la règle est volontairement mise de côté cette fois-ci par l'Anie), le nombre de femmes élues serait inférieur à 10%. Très peu de candidates sont, en effet, parvenues à mobiliser des électeurs autour de leur nom. À titre d'exemple, à Tizi Ouzou, une seule femme a été élue sur les 11 députés de la wilaya. À Béjaïa, 3 députés sur 9 représenteront la wilaya dans la prochaine Assemblée populaire nationale. C'est le nombre le plus bas depuis 20 ans. Le président de l'Anie, Mohamed Charfi, donnera les résultats définitifs aujourd'hui ou, au plus tard, demain.
Ali Boukhlef
Oran :
Nombre d'électeurs inscrits : 1 0522 776
Nombre de votants : 188 454
Taux de participation : 17,90%
Sidi Bel Abbès :
Nombre d'inscrits : 469 662
Nombre de votants : 122 628
Taux de participation : 26,11%
Aïn Témouchent :
Nombre d'inscrits : 314189
Nombre de votants : 83 298
Taux de participation : 26,30%
Chlef :
Nombre d'inscrits : 723 707
Nombre de votants : 135 200
Taux de participation : 18,57%
Médéa :
Nombre d'inscrits : 576 813
Nombre de votants : 113 627
Taux de participation de 23,95 %
Béjaïa :
Nombre d'inscrits : 561 796
Nombre de votants : 5 179
Taux de participation : 0,92 %
Tizi Ouzou :
Nombre d'inscrits : 6 980 527
Nombre de votants : 5040
Taux de participation : 0,72%
Constantine :
Nombre d'inscrits : 607 877
Nombre de votants : 119 448
Taux de participation : 19,65%
Sétif :
Nombre d'inscrits : 1 019 287
Nombre de votants : 212709 votants
Taux de participation : 20,87%
Annaba :
Nombre d'inscrits : 440 000
Nombre de votants : 96 000
Taux de participation : 21,9%
Biskra :
Nombre d'inscrits : 40 3714
Nombre de votants : 112 967
Taux de participation : 27,57%
Bordj Bou-Arréridj :
Nombre d'inscrits : 457 525
Nombre de votants : 110766
Taux de participation : 24,21%
M'sila :
Nombre d'inscrits : 690 924
Nombre de votants : 220 473
Taux de participation : 31,91%
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 15/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali BOUKHLEF
Source : www.liberte-algerie.com