Algérie

Ils réclament leur «droit» au relogement: Les habitants du bidonville de Hassi Ameur protestent devant la wilaya



Plusieurs dizaines d'habitants du bidonville de Hassi Ameur ont bloqué hier la circulation automobile aux abords du siège de la wilaya d'Oran pour revendiquer auprès des pouvoirs publics ce qu'ils appellent «leur droit au relogement». Après plusieurs minutes de tractations avec les représentants de l'ordre, dont des dizaines d'éléments ont été déployés sur les lieux, le trafic automobile a fini par être rétabli, et une délégation des manifestants, composée de quatre hommes et quatre femmes, a été autorisée à accéder au siège de la wilaya pour plaider sa cause auprès du chef de l'exécutif. «On est près de 300 familles à habiter dans ce bidonville, dans des conditions sanitaires inhumaines», nous confie un jeune manifestant qui affirme vivre dans ce bidonville «avant 2006». Et d'ajouter : «Nous avons à maintes reprises exprimé nos doléances aux pouvoirs publics, mais à ce jour, nos revendications sont restées lettre morte». Le bidonville de Hassi Ameur qui est, pour rappel, né au début des années 70 suite à un exode massif des wilayas voisines, a vu des centaines de familles transiter par les lieux. Elles se sont installées dans un premier temps à la périphérie de cette localité, attirées par la possibilité de trouver des emplois au complexe de la zone industrielle de Hassi Ameur ou dans d'autres entreprises. Elles quittent, après quelques années, leurs taudis, à la faveur des programmes successifs de relogement destinés à la résorption de l'habitat précaire, pour laisser la place à de nouveaux arrivants qui, après quelques années, réclament à leur tour leur droit à un logement digne. Un cercle vicieux qui confirme l'échec total de toutes les politiques utilisées dans le traitement de ce dossier. L'objectif, à chaque fois, est de mettre l'Etat devant le fait accompli. Autre paramètre qui a son importance est qu'à Oran, le phénomène des constructions illicites est devenu aussi un business très lucratif. Les «constructions» sont vendues et revendues, d'autres en location. Des réseaux organisés et prêts à tout gèrent ce business florissant depuis des années maintenant en exploitant la misère sociale des personnes en quête de logement, d'une part, et l'incapacité des pouvoirs publics à trouver les vraies solutions de l'autre. Entre-temps, ce sont des centaines, voire des milliers de familles oranaises à revenu limité, habitants du vieux bâti ou contraints à supporter le fardeau de la sous-location, qui payent les frais de cette logique du fait accompli qui dicte ses propres lois, en matière de distribution du logement social.


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