Les gardes communaux n'ont pu atteindre le siège de la Présidence comme ils le souhaitaient. Leur longue procession, qui s'est ébranlée très tôt dans la matinée d'hier, à partir de la ville des Roses, a été stoppée net par un important dispositif de sécurité pour laisser place à des scènes d'affrontements.
M. Kebci - Alger (Le Soir) - C'était en toute fin de journée, vers les coups de 17h quand les gardes communaux, exténués par des heures de marche sous un soleil de plomb, se sont heurtés à un impressionnant cordon sécuritaire à hauteur de Birkhadem, à quelques kilomètres seulement de leur point de chute convenu, la présidence de la République. Selon Aliouat Lahlou, représentant des gardes communaux de la wilaya de Bouira et membre de la Commission nationale de la corporation, les affrontements avec les agents de sécurité déployés en très grand nombre auraient fait plusieurs blessés parmi les gardes communaux au moment où quatre autres auraient été arrêtés. En effet, au moins quatre gardes communaux ont été arrêtés et plusieurs autres blessés. Il faut dire que tout indiquait que cette marche n'irait pas à son terme au vu de l'impressionnant déploiement sécuritaire sur les hauteurs de la capitale, Birkhadem, Bir Mourad Raïs et Hydra notamment, avec d'inextricables embouteillages enregistrés à cette heure de pointe, avec la fermeture totale de la route menant vers Blida à partir du pont de Bir Mourad Raïs. Ce qui a créé bien des désagréments aux automobilistes qui ne savaient pas quel chemin prendre pour arriver à destination.
Détermination et ténacité
Par cette action de rue, les gardes communaux voulaient renouer avec la protestation, se sentant floués par les pouvoirs publics qui les ont menés en bateau avec la non-application des promesses faites suite à la grande démonstration de force à Alger, l'année dernière. Et cette fois-ci, la protestation, ils l'ont voulue comme une démonstration de force quant à leur détermination à faire aboutir sans concession aucune leur plate-forme de revendications. Ils ont, pour ce faire, battu le pavé, 14 jours durant, à Blida, où ils ont tenu un sit-in permanent. Un choix loin d'être fortuit puisque, selon un membre de la Commission nationale des gardes communaux, Hasnaoui Zidane, «c'est une wilaya très proche d'Alger que nous avons décidé de rejoindre car les pouvoirs publics ont opposé à notre rassemblement de 14 jours un silence total». D'où, donc, la marche d'hier sur la capitale, sur la présidence de la République plus précisément, qui s'est ébranlée vers les coups de 4h du matin, et qui a vu des milliers de gardes communaux, prendre possession de la chaussée, celle de l'autoroute reliant Blida à Alger. Ce qui a considérablement perturbé la circulation sans toutefois la bloquer, les hommes à l'uniforme bleu, encadrés par les gendarmes le long de leur parcours, ont fait preuve d'une organisation quasi parfaite, n'ayant occupé qu'une voie de l'autoroute sur plusieurs kilomètres. Ce qui a, d'ailleurs, suscité la solidarité et la sympathie des automobilistes dont bon nombre ont tenu à apporter leur soutien, qui par un klaxon strident, qui par un salut amical. Il y en avait même qui avaient pris avec eux sur plusieurs kilomètres des gardes communaux épuisés et exténués par cette longue marche, après 14 jours et nuits de rassemblement ininterrompu.
Un corps dont on a honte
Les gardes communaux, venus des quarante-huit wilayas du pays, pour la plupart un sac sur le dos et le drapeau national sur l'épaule, le brandissant fièrement, étaient loin, néanmoins, de céder à la fatigue et à l'effet de la chaleur et surtout de l'humidité. Tous, absolument tous, exprimaient leur détermination à aller, cette fois-ci, au bout de leur mouvement. «Il n'est pas question pour nous, de retourner chez nous sans la satisfaction pleine et entière de notre plate-forme de revendications », affirmera ce jeune garde communal de 34 ans de Chréa, dans la wilaya de Blida, avant qu'un collègue à lui de Jijel, un quadragénaire, qui dira avoir rejoint ce corps en 1998 par conviction, ne lâche : «Nous accomplissons des missions militaires alors que nous sommes rémunérés par la Fonction publique. Pis, nous ne sommes assurés que huit heures au moment où nous travaillons H24.» Un autre garde communal accosté à hauteur de Baba Ali, le temps d'une halte de quelques minutes, ne mâchera pas ses mots pour aller au fond de sa pensée. Venant de la lointaine El Tarf, ce quadragénaire n'hésitera pas à regretter le fait que l'Etat qui a créé ce corps dans l'urgence pour faire face à l'hydre terroriste islamiste en ait honte. Et de s'expliquer en affirmant «être mobilisés lors des cortèges officiels tout en nous intimant l'ordre de se cacher loin des yeux des gens». Mais le long cortège qui avançait le long de la journée dans la sérénité, quoique relative avec des pics de colère par moments, a dû être stoppé au niveau de Birkhadem où les forces de l'ordre étaient postées depuis le matin sur les lieux à l'effet d'empêcher les marcheurs de poursuivre leur marche.
Le désarroi des automobilistes
«Mais on aurait dû les empêcher à Blida même et éviter ainsi ces affrontements et surtout ces immenses embouteillages avec leurs corollaires, les innombrables désagréments.» Tel était le sentiment généralisé chez bien des automobilistes et de voyageurs, mais aussi des citoyens, ceux des hauteurs d'Alger notamment. Une réflexion à laquelle un officier de police n'a pas tardé à apporter une réponse en affirmant que cela relevait d'une tactique à l'effet d'user les gardes communaux qui n'auront pas suffisamment d'énergie et de force pour faire face au dispositif de sécurité déployé. Ce que la suite des événements démentira avec des gardes communaux déchaînés, eux qui, déjà la matinée, à l'entame de leur grande marche, affirmaient que cette fois-ci sera la bonne, manière à eux de signifier leur détermination à ne pas rentrer chez eux sans la satisfaction de leur plate-forme de revendications. Celle-ci, un document de 18 points consiste en la revue des pensions des veuves des martyrs du devoir et leur classement comme veuves de chahid de l'ANP et de la Gendarmerie nationale, de même que les salaires des handicapés et leur prise en charge sur le plan médical, l'indemnisation de l'exploitation dans la fonction et les missions militaires et la loi appliquée, celle de la Fonction publique, le reclassement des gardes communaux à l'échelon 12, la révision des salaires, indemnités de rendement et de danger et de la contrainte avec effet rétroactif, augmentation du panier alimentaire à 1200 DA à partir du 1er janvier 2008, l'indemnisation des heures supplémentaires en conformité avec l'ordonnance 03-06 de la Fonction publique et l'ordonnance 266-96 de la loi portant création du corps de la garde communale, la prime de dissolution du corps et fin de fonction. Et pour ne pas se faire «avoir» comme ce fut le cas l'année dernière, affirmera encore Hasnaoui Zidane, les gardes communaux, qui se sont organisés en commission nationale de cinq membres et d'un conseil consultatif de cinq membres pour chaque wilaya, proposent la mise sur pied d'une commission de suivi des revendications composée de gardes communaux, une commission qui sera créée par décret présidentiel.
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Posté Le : 10/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M K
Source : www.lesoirdalgerie.com