Algérie

Ils ont débarqué à Alger le 28 juin 1962 500 militants du FLN de l’émigration contre l’OAS


Publié le 30.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

Leur mission: renforcer la sécurité face à l’OAS et prodiguer des soins à ses victimes.
L'organisation criminelle devait disparaître.
La Fédération du FLN en France a contribué à porter la guerre sur le sol de l'ennemi. La communauté émigrée en a payé le prix fort. Mais dans les «interstices» de la formidable histoire de cette fédération, il y a un épisode peu connu où les fidaiyine de l'émigration ont contribué à la résistance contre l'OAS dans l'Algérois. Un fait historique que L'Expression a déjà abordé et qu'il aborde encore à l'occasion du 61e anniversaire d'une action héroïque qui a eu lieu entre le cessez-le-feu et la proclamation de l'indépendance. Les acteurs en étaient des militants de France missionnés pour intervenir en Algérie. Un fait qui démontre, si besoin, que le combat contre le colonialisme ne connaissait pas de frontières dans l'esprit des militants. L'histoire officielle qu'on enseigne dans les écoles de la République est, certes, exacte, mais il est des faits importants tout aussi historiques, à l'image de l'épopée des 500 militants de la Fédération du FLN en France, qu'on laisse à l'appréciation des seuls historiens. On juge, à tort ou à raison, qu'il n'est pas nécessaire de les transmettre aux générations futures. De ces innombrables «petits ruisseaux» qui ont alimenté le fleuve de la révolution de Novembre, jusqu'à la victoire finale, il y a eu donc une instruction adressée par l'Exécutif provisoire à la Fédération du FLN en France. On en parle aujourd'hui, parce que l'ordre est venu le 28 juin 1962. Nous sommes à deux jours de la date anniversaire. On en parle également, parce que dans le chiffre 500, il y a comme une réponse à l'envoi à Paris par la France coloniale, d'un contingent composé de 500 harkis missionnés exclusivement pour tuer les militants de la Fédération du FLN en France. La réponse du FLN sur le sol national est intervenu à moins d'une semaine du référendum, au moment où les Algériens étaient victimes des attentats aveugles de l'OAS. Ainsi, 500 volontaires établis en France ont été dépêchés en Algérie. On y comptait des fidaiyine. «Les militants sont sélectionnés dans les deux wilayas de Paris ‘'1 et 2'' et envoyés à Alger le 28 juin 1962. accompagnés par deux de mes collaborateurs; le chef de zone N°121. Les frères El Bachir Tayebi et Arezki Kadi chef du groupe armé ‘'G.A.'' acheminés par bateau de Marseille vers Alger», rapporte Mohamed Ghafi, dit Moh Clichy, dans un livre édité en 2013. Les moudjahidine avaient pour mission, nous confie Moh Clichy, de renforcer la sécurité et faire face aux hordes de l'OAS, ainsi que les soins prodigués à leurs victimes. Les volontaires comptaient dans leurs rangs des professionnels de la santé. Moh Clichy précise dans son livre que les «volontaires sont accueillis dans un centre à Cap Matifou - Enita (actuel Bordj El Bahri) par un officier de l'A.L.N et les représentants de l'Exécutif provisoire». Et comme pour souligner le caractère très réglementé de la hiérarchie au sein de la révolution, il rapporte que «les documents administratifs liés à cette mission ont été signés au Rocher Noir par le frère Mohamed Khemisti, membre de l'Exécutif et remis au chargé de mission, El Bachir Tayebi. Ces volontaaires portaient le nom d'Agent Temporaire Occasionnel».
Cet apport en hommes et en expertise dans le domaine de la lutte contre les terroristes de l'OAS et dans la santé ont contribué directement à la stabilisation de la situation et surtout à la structuration des institutions de la République. Et pour cause, Moh Clichy nous apprend que les «A.T.O ont fait carrière dans les services de sécurité et dont la majorité a terminé comme officiers supérieurs au sein de la Dgsn». Et le fait que ces hauts commis de l'État soient issus de l'émigration suffit à mettre en évidence l'apport de la Fédération de France du FLN dans le combat libérateur et dans l'édification du pays.
Pour l'histoire, Moh Clichy précise dans son ouvrage que les deux groupes, fidaiyine et médecins, étaient sous la responsabilité et directives du coordinateur de wilaya, le défunt Mohamedi Mohamed Sadek. «Il a assuré personnellement toutes les conditions de ce transfert sur le plan logistique», révèle Moh Clichy. Un homme, «El Bachir Tayebi, chef de zone, responsable de cette mission, est toujours de ce monde et vit actuellement en Algérie».

Saïd BOUCETTA