Algérie

Ils ont acculé Israël, les Arabes et les Etats-Unis: Une flottille de la liberté contre l'infamie



9 martyrs. Le coût en vies humaines a été très élevé pour la «Flottille de la Liberté». Le dernier bateau, le Rachel Corrie, qu'un problème technique avait retardé, aura accompli, jusqu'au bout, le devoir d'alerte de l'opinion mondiale face à l'infâme blocus organisé par Israël, l'Egypte et le Quartet dont l'institution onusienne fait partie.

Alors que partout dans le monde, des militants se préparent à lancer une nouvelle flottille de la liberté vers Ghaza, le martyre des 9 militants contraint le monde entier à voir ce qu'il feignait d'ignorer. Même certains Etats geôliers – Etats-Unis en tête – qui enfermaient 1,5 million de Palestiniens sont obligés de reculer devant la bravoure des militants de la liberté et d'admettre que le blocus est «intenable». Il y a bien sûr le poids de l'opinion mondiale, choquée que l'on puisse tuer en toute impunité dans les eaux internationales et écÅ“urées par l'ignoble chantage imposé aux Palestiniens de Ghaza. Ils étaient punis pour avoir voté pour le Hamas à un moment donné, dans un scrutin démocratique sous supervision internationale. On a décidé de les affamer en suggérant ouvertement que le blocus serait ouvert s'ils se révoltent contre le Hamas. L'International Crisis Group, think tank occidental, peu susceptible de sympathie islamiste, évoque une «politique qui vise à isoler la bande de Gaza dans l'espoir d'affaiblir le Hamas» et la qualifie de «moralement et politiquement effroyable». Le combat des militants de la Flottille – que certains médias occidentaux veulent dévaloriser en le qualifiant de «politique» – est l'expression la plus juste de la défense des droits humains. Les vies humaines perdues dans l'assaut israélien barbare n'ont pas de prix. Elles ont désormais des conséquences.

Maintenir Rafah ouvert

La plus importante est que le blocus de Ghaza n'est plus admis par l'opinion mondiale. Il est déjà ébranlé par l'ouverture du passage de Rafah et il revient à l'opinion égyptienne et arabe de se mobiliser pour qu'il le reste indéfiniment. Nul ne doit faire de l'angélisme. Les autorités égyptiennes ont le droit de veiller à ce que des armes ne passent pas vers Ghaza – même le Hamas, qui a sans doute ses propres canaux d'approvisionnement, ne le conteste pas – mais elles ne doivent pas fermer la porte au ciment, au fer ou aux médicaments. Ghaza est en ruine et aucun prétexte ne justifie qu'on l'empêche de se reconstruire. Le combat des militants de la Flottille de la paix – et ses martyrs turcs – est un rappel que les Arabes, les «frères» des Palestiniens, auraient dû, depuis longtemps, casser cet embargo. Quitte à payer l'Egypte au cas où les Etats-Unis décidaient de supprimer l'aide. C'est le devoir élémentaire de solidarité que des Turcs, des Européens et des Américains sont venus administrer, au péril de leurs vies, au large de Ghaza. Des pressions vont avoir lieu pour que l'Egypte verrouille à nouveau le passage de Rafah. Il n'est pas sûr que l'Egypte de Moubarak n'y cèdera pas, mais le combat de la Flottille de la liberté le rendra difficile et surtout infamant. L'autre gain palpable est cette distance désormais franche qui existe entre la Turquie et Israël.

Merci Erdogan, merci la Turquie

La Turquie officielle, par les avancées indéniables de sa démocratie, traduit de plus en plus le sentiment majoritaire de la population turque. Ses dirigeants, réellement élus, sans renoncer à la présence du pays dans l'OTAN, font preuve d'une indépendance remarquable. Celle-ci, sans le révolutionner, est en train de bousculer la donne au Proche-Orient. Quand l'Etat turc conditionne la normalisation de ses relations avec Israël à la fin du blocus de Ghaza, cela signifie qu'il met la barre haute et contraint les alliés occidentaux d'Israël à trouver d'autres parades. Mais le blocus a été moralement et politiquement condamné par l'opinion mondiale. Il reste des suites judiciaires que des militants préparent un peu partout. Le mouvement est déjà en marche en Turquie où des procureurs ont lancé une enquête pour d'éventuelles poursuites contre les plus hauts dirigeants israéliens. Selon le journal turc Today's Zaman, le bureau du procureur est en train de rassembler des preuves pour inculper Netanyahu, Ehud Barak et le chef d'Etat-major israélien Gabi Ashkenazi. A Rabat où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, certains ont crié «Merci Erdogan, merci la Turquie». Ils expriment clairement le sentiment général dans le monde arabe.




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