Minute de silence!... Aujourd'hui, c'est la journée du chahid! En réalité, nos chouhada sont présents dans notre esprit, pas seulement tous les jours, mais à chacun de nos actes de la vie quotidienne. Nous leur devons notre nouvelle condition de vie depuis 50 ans. Depuis l'indépendance arrachée grâce à leur sacrifice. Ils sont morts pour nous. Pour nous délivrer des conditions inhumaines que la colonisation nous imposait dans notre propre pays. Lorsqu'ils ont décidé de prendre les armes, ils savaient ce qui les attendait. «La lutte sera longue, mais l'issue est certaine... Nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie», ces deux phrases extraites de la Déclaration du 1er Novembre 1954, suffisent pour honorer leur mémoire à chaque instant. Au déclenchement de la guerre de libération ils étaient un petit groupe. Un peu plus de vingt personnes. Quelques pistolets de petits calibres et de vieux fusils. Nombreux étaient ceux qui, à l'époque, croyaient que leur initiative était désespérée. «C'est avec çà qu'ils comptent chasser la 3e puissance militaire au monde'», ironisaient les Français d'Algérie. Nous n'étions ni des citoyens ni des sujets. Nous n'étions rien. Ou plutôt nous étions des indigènes pour lesquels le colonialisme inventera des lois qu'il rassembla dans ce qu'il a appelé «le code de l'indigénat». Un code qui ne comportait que des devoirs. Pas un seul droit. Sinon de se soumettre et se taire. Tellement raciste, haineux et humiliant que des décennies plus tard, la loi de l'Apartheid en Afrique du Sud s'en inspirera. Le petit groupe d'Algériens de Novembre 54 ne pouvait plus supporter de voir leur peuple souffrir sans personne pour le secourir. Leur véritable force était dans leur génie que résuma, trois ans plus tard, le valeureux chahid Larbi Ben M'hidi. «Mettez la révolution dans la rue et le peuple la portera!» avait-il répondu aux journalistes venus l'interroger lors de son arrestation et avant son assassinat quelques jours après. Précoces, ils avaient vu en 1954 ce que le colonialisme et ses stratèges n'avaient jamais compris. Des centaines de milliers d'Algériens ont rejoint la révolution au fil des jours, des semaines, des mois et des années. Un million et demi d'entre eux y laisseront leur vie. Les rescapés n'en sortiront pas indemnes. Aux mutilés et invalides, il faut ajouter tous les autres dont les séquelles sont peut-être moins visibles, mais avec des pathologies aussi graves. Pas un seul d'entre eux n'a échappé aux tortures. Oui! Le prix de l'indépendance a été chèrement payé en vies humaines. Didouche Mourad qui fut le premier responsable militaire de l'ALN à tomber au champ d'honneur (quatre mois après le 1er Novembre), les armes à la main, avait demandé à ses compagnons en quittant la capitale pour rejoindre le maquis: «Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires!». Ses paroles reflètent l'état d'esprit de celui qui n'avait pas encore vu les fruits de la «graine» qu'ils venaient de semer. Il ne pouvait pas encore voir l'adhésion unanime de tout le peuple algérien. Il a quitté la capitale juste après avoir joint sa signature à celle de ses compagnons sur la déclaration qui commence ainsi: «A vous qui êtes appelés à nous juger!..». La mort l'a happé trop tôt. C'est sur ce questionnement qu'il rendit l'âme. Pour nous sauver. Pour libérer le pays. Comme l'a si bien résumé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «l'Algérie est un don des chouhada!». Pour être digne de ce don, le patriotisme doit guider chacun de nos actes, chacun de nos gestes. En tout lieu et en toute chose. Pour mériter le sacrifice de nos martyrs!
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zouhir MEBARKI
Source : www.lexpressiondz.com