Algérie

«Ils instrumentalisent les revendications sociales à des fins politiques»



Hormis les auteurs des interrogations et quelques députés disciplinés, le reste des élus n'a pas jugé utile de faire le déplacement. Pourtant quatre ministres sont venus répondre aux «préoccupations» des élus. Il s'agit des secteurs du Commerce, du Travail, de la Santé, du Tourisme et de l'Artisanat. Interpellé sur le phénomène du chômage et le problème de l'emploi, Tayeb Louh, ministre du Travail, vraisemblablement irrité par la derrière révolte des jeunes et le comportement de certains élus et autres parties, a tout d'abord accusé certains cercles de vouloir instrumentaliser les revendications sociales à  des fins politiques. Dans la foulée, il regrette la politique du mépris prônée par certains élus locaux, à  qui il demande d'assumer pleinement leurs responsabilités : «Les jeunes savent bien qui œuvre dans leur intérêt, alors cessons de les manipuler dans un but purement politique. Les élus doivent écouter les jeunes, ils doivent les accompagner et non pas leur tourner le dos», a pesté M. Louh, soulignant l'importance de l'ouverture, au niveau des wilayas, d'espaces de loisirs en faveur des jeunes et des familles. D'autre part, le ministre a évoqué la «nécessité de préserver le pouvoir d'achat des catégories vulnérables» de la société, rappelant que «la prise en charge des préoccupations des citoyens a toujours constitué une priorité de l'Etat». Abordant dans le détail la problématique du chômage, il explique que la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre le chômage était tributaire «de l'important rôle» que doivent assumer les responsables locaux, à  savoir les élus et les administrateurs.
Une stratégie qui consiste, en premier lieu, à  assurer un accompagnement et un bon accueil aux jeunes demandeurs de formations et d'emplois, outre le rapprochement des mécanismes de l'emploi des citoyens des communes isolées et éloignées. Le ministre a, dans ce sillage, rappelé le rôle de l'Etat dans la mise en place d'une vision et l'octroi d'un soutien pour la promotion de l'emploi. A cet effet, il indique que «530 917 jeunes ont été recrutés en 2010 dont 130 000 diplômés universitaires». Il précisera, dans ce contexte, que le marché de l'emploi accueillait annuellement près de 120 000 diplômés ajoutant que «la composante démographique est formée de 72% de demandeurs d'emploi âgés de moins de 30 ans, ce qui nécessite l'intensification des efforts au niveau local afin de réaliser les objectifs visant la consolidation de l'intégration professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi».
50 000 travailleurs étrangers en Algérie
Parmi les postes d'emploi créés, 60 133 l'ont été à  travers l'Agence nationale de soutien à  l'emploi des jeunes (Ansej), 15 804 par la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) et 181 839 dans le cadre de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM). S'attardant sur les mesures incitatives prises par l'Etat dans le domaine social au sein de cette stratégie, M. Louh souligne que l'Etat participe au paiement du salaire des jeunes durant les trois premières années de leur recrutement, à  hauteur de 12 000 DA/mois, durant la première année et 10 000 DA/mois pendant la deuxième année, et ce, en vue de réduire les charges des employeurs et faciliter ainsi l'insertion socioprofessionnelle des jeunes. Pour ce qui est des secteurs créateurs d'emplois, il a cité le tourisme et l'industrie et a annoncé de nouvelles mesures pour la promotion de mécanismes socioéconomiques visant à  renforcer l'insertion des jeunes dans le monde de l'emploi. A une interrogation sur la main d'œuvre étrangère, il réplique qu'il y avait près de 50 000 travailleurs étrangers en Algérie. Ce chiffre, de l'avis du ministre, demeure «très faible» par rapport aux autres pays. Ces travailleurs étrangers et dont la main d'œuvre chinoise arrive en tête de liste travaillaient essentiellement au niveau des grands projets en cours de réalisation à  l'échelle nationale tels les barrages, les routes...
S'agissant du projet du nouveau code du travail en cours d'élaboration, il comprend, selon le ministre, des articles et des dispositions relatives à  la lutte contre le travail informel. «Ce projet de code constitue un outil de référence unifié qui comprend plus de 700 articles qui ont été adaptés au développement socioéconomique», souligne le ministre qui fera remarquer que 200 articles ont été introduits pour amender la législation du travail en vigueur.


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