Réalité - Nombre de jeunes et de pères de familles sont soumis au diktat d'employeurs peu soucieux du respect de la législation en vigueur.
Younès, 29 ans, est, depuis plus de six ans, plongeur dans un restaurant à la rue de Tanger, à Alger. Pour près de 10 heures de travail par jour, il perçoit un salaire d'à peine 20 000 dinars par mois. Et il se montre heureux de sa situation. «Mon travail est agréable. Outre l'hébergement et les repas assurés, je suis à l'abri du froid et de la pluie. C'est beaucoup mieux que de travailler sur un chantier !», dit-il. Si on le croise dans les ruelles d'Alger, en fin de journée, on a tout de suite l'impression que c'est un jeune issu d'une famille aisée habitant dans les environs. «Dès que je termine le travail, je me lave bien et je porte des vêtements propres et de marque. Je m'amuse bien et je me suis bien dans ma peau», se réjouit-il. L'avenir ' Voilà une question que Younès ne veut pas se poser et à laquelle il ne pense même pas pour l'instant. «Il est vrai que je ne suis pas déclaré à la sécurité sociale et que mon salaire est relativement bas, mais je ne m'en plains pas. Tant que je suis en bonne santé, je pourrai subvenir convenablement à mes besoins. Après, tout dépendra du destin», se contente de dire ce jeune issu de la localité de Grarem Gouga, dans la wilaya de Mila. « Et puis, je ne peux pas demander plus, puisque mon niveau scolaire ne me permet pas d'aspirer à un emploi stable et plus rentable. J'essaye de mettre un peu d'argent de côté pour parvenir à ouvrir mon propre commerce à l'avenir. L'essentiel c'est la santé», insiste notre interlocuteur. Comme Younès, des milliers de jeunes Algériens travaillent au noir. Dans les cafés, les salons de thé, les restaurants, les moyens de transport de voyageurs ou sur les chantiers, ces jeunes sont contraints de se soumettre à la volonté de leurs patrons. Ils ne revendiquent même pas d'être affiliés à la sécurité sociale de peur d'être «mis dehors». Dans la plupart des cas, il s'agit de jeunes issus de milieux défavorisés et qui travaillent pour subvenir à leurs besoins personnels et aider leurs familles. «Il y a quelques mois, j'ai demandé au patron de régulariser ma situation vis-à-vis de la sécurité sociale, il n'a pas hésité à me licencier. Et, croyez-moi, j'ai passé près de deux mois au chômage. J'ai alors décidé de ne plus parler de cette histoire, car le plus important pour moi est de travailler pour palier les besoins de ma petite famille», témoigne Hamid, la quarantaine, ferrailleur dans un chantier de construction à Boufarik (Blida). «Le patron m'a dit : '' Il y en a des centaines comme toi sur le marché, tais-toi si tu veux continuer à travailler !''», avoue, pour sa part, Rafik, jeune receveur dans un bus de transport de voyageurs à Lakhdaria (Bouira). Etant en position de force, les employeurs imposent ainsi leur diktat à des employés qui ne savent plus à quel saint se vouer pour faire valoir leurs droits. En cas de maladie ou d'accident de travail, ils se retrouvent dans une situation inextricable et sans aucun soutien. Le fléau du travail au noir qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes risque, à long terme, d'engendrer des effets désastreux dans la société...
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Posté Le : 09/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Anis Hani
Source : www.infosoir.com