Algérie

Ils dénoncent un redressement fiscal: Grève nationale des pharmaciens le 16 janvier



Les pharmaciens d'officine, opposés à un impôt supplémentaire, un redressement massif avec effet rétroactif, sur des aides accordées par l'Etat aux pharmaciens, suite à une décision de la direction des impôts, décident d'une série d'actions en guise de protestation.«Surpris», les pharmaciens mécontents ont qualifié la circulaire portant redressement d'impôt supplémentaire de «décision punitive», qui intervient en pleine négociation entre les représentants des pharmaciens et la Direction générale des impôts. Des pourparlers autour justement de possibilités d'un allègement fiscal. Et ce, disent les concernés, au moment où les pharmaciens attendaient un arrêté ministériel des ministres chargés des finances, du commerce et de l'industrie pharmaceutique, pour des mesures d'accompagnement relatives aux marges plafonds applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments .
Le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) Messaoud Belambri a annoncé hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du syndicat à Alger, l'organisation d'une série d'actions de protestation. Commençant par une grève régionale prévue le 14 janvier de l'année en cours, dans la wilaya de Guelma, la première destinataire de la circulaire portant redressement.
En précisant que cette grève décidée et déclarée par le bureau du Snapo de la wilaya de Guelma pour une durée de trois jours (du 14 au 16 janvier) sera ainsi soutenue par le bureau national. Cette action sera suivie, selon M. Belambri, par un sit-in le dimanche 15 janvier devant le siège du ministère des Finances. Les pharmaciens ont également décidé d'organiser une grève nationale d'un jour renouvelable, avec la fermeture de toutes les pharmacies d'Algérie, toute la journée du lundi 16 janvier. Bien évidemment avec la nécessité d'assurer le service minium garanti par la réglementation, est-il soutenu.
Le président du Snapo a précisé que cet impôt supplémentaire concerne tous les pharmaciens sur le territoire national. En soulignant que cinq wilayas ont déjà reçu des mises en demeure pour payer leur impôt, dans un délai d'un mois. Un impôt supplémentaire qui devrait être payé par les pharmaciens d'officine, avec effet rétroactif de quatre années «avec des montants assez importants», selon le conférencier.
Messaoud Belambri a tenu à expliquer que cette nouvelle imposition concerne «les aides de l'Etat qui ont servi à payer nos charges et nos employés», en poursuivant «une sorte de compensation partielle sur une partie de nos pertes subies sur la marge brute qui a baissé de moitié et sur la baisse des prix des médicaments suite à la politique du générique, d'encouragement de la production nationale et l'application du tarif de référence».
Il dira que cette nouvelle imposition va mettre à genoux les pharmaciens, «c'est la mise à mort des officines», dit-il. Car, ajoute le conférencier, «ces nouvelles taxations et ce nouvel impôt dépassent les revenus des pharmaciens qui croulent déjà sous les dettes et les charges fiscales et les lourdes charges de fonctionnement. Notamment, par le nouveau dispositif de l'administration, des taxes sur le produit de fabrication nationale et la taxe du tiers payant et la sécurité sociale.
Il explique que le pharmacien paye déjà beaucoup d'impôts «puisque nos déclarations et bilans s'appuient sur des données comptables vérifiables». Et de préciser que ces opérations de redressement et de taxation constituent carrément un nouvel impôt, mais énorme, qui vient se greffer de manière subite à tous les impôts que payent le pharmacien d'officine : TAP (taxe sur l'activité professionnelle, TVA reversée mensuellement, IRG (impôt sur le revenu global), les acomptes provisionnels et autres. Sans oublier, dira dit-il, que cette année a été très difficile à gérer «car nous payons les impôts de deux années en une seule, puisque l'administration fiscale a procédé à la révision du calendrier habituel des payements, et a avancé d'une année le recouvrement des impôts habituels (acomptes provisionnels et IRG). Ce qui fait que le contribuable se retrouve dans une année de cumul et sous une pression fiscale insupportable et jamais vécue. Et de rappeler que même les pouvoirs publics ont reconnu que la marge bénéficiaire applicable depuis 1998 ne correspond pas aux prix réglementés, applicables à la vente des médicaments. Et que cette marge n'est plus adaptée aux conditions économiques liées à l'évolution du secteur pharmaceutique, ce qui a induit une situation financière et économique difficile pour les pharmaciens.
Le Snapo se dit ouvert au dialogue
Le président du Snapo, Messaoud Belambri, a affirmé que son syndicat a déjà sollicité, à travers des requêtes, l'intervention et l'arbitrage de la part de plusieurs instances. Il a indiqué que des demandes d'intervention ont été adressées au président de la République et au Premier ministre ainsi que des demandes d'arbitrage envoyées au ministre des Finances et ceux de l'Industrie pharmaceutique et de la Santé. Et de préciser que le Snapo a également saisi le Conseil National Economique, Social et Environnemental (CNESE).
Il dira que les pharmaciens sont ouverts au dialogue. Et ce, en vue de trouver une issue à cette grave situation qui menace l'officine. En affirmant, en outre, que le Snapo réitère son soutien à la production nationale et son implication pour la continuité du tiers payant à travers le système chifa. Il précise que cette action vise à préserver la profession de la disparition pure et simple par le changement du régime fiscal et l'imposition des pharmaciens avec des conséquences lourdes. Entrainant à coup sur la faillite et la fermeture de quasiment toutes les pharmacies d'Algérie.
M. Belambri a rappelé que des dispositions de l'article 27 du décret 09-396 portant incitations en faveur des produits pharmaceutiques fabriqués localement et interdits d'importation, accordées aux pharmaciens, dans le cadre de la promotion des produits nationaux, avaient déjà fait l'objet de tentative d'annulation. Mais c'était grâce à la décision de Abdelmadjid Tebboune qui occupait en 2017 le poste de Premier ministre que ces incitations ont été maintenues au profit des pharmaciens d'officine, qui avaient annoncé une grève nationale qui a été par la suite gelée.


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